Selon l’Institut national du cancer, chaque année en France, 2260 enfants et adolescents sont atteints de cancers. Et 450 en meurent encore, soit 20% des enfants. Les cancers pédiatriques, par nature rares, représentent un vrai défi pour la recherche, que le Paris Kids Cancer (PKC) a décidé de relever.
Labellisé en décembre 2023, le PKC a tenu sa réunion de lancement le 17 janvier. Le projet regroupe non seulement trois acteurs majeurs en oncologie (AP-HP Assistance Publique – Hôpitaux de Paris, Gustave Roussy et l’Institut Curie), associés dans la direction du PKC, mais aussi plusieurs universités, organismes de recherche et centres partenaires, ainsi que trois grandes associations de parents (l’association Imagine for Margo – Children without cancer, l’association Hubert Gouin – Enfance et cancer et l’association Laurette Fugain). Leur objectif commun est de mettre au point des traitements innovants et de guérir plus de jeunes patients. “Nous souhaitons que le PKC rassemble et intègre tous les acteurs de l’oncopédiatrie en Ile-de-France qui sont aujourd’hui dispersés dans différentes institutions”, précise le Dr Olivier Delattre, directeur du PKC, assisté par le Pr André Baruchel (AP-HP) et le Pr Véronique Minard-Colin (Gustave Roussy).
Le PKC est né en réponse à l’appel à projet de l’Institut national du cancer, PEDIACRIEX23. Il va bénéficier d’un budget total de 6 millions d’euros pour 5 ans. Il associe une trentaine d’équipes de recherche, évoluant dans tout l’écosystème de la recherche fondamentale aux soins en oncologie pédiatrique (chercheurs, pédiatres oncologues, chirurgiens, pathologistes, etc.).
Une approche moderne et collaborative
Les premiers travaux impulsés vont se concentrer sur trois axes de recherche : la compréhension et le contrôle des processus génétiques des cellules cancéreuses, la recherche de nouvelles pistes d’immunothérapies et l’utilisation de nouveaux biomarqueurs pour une détection précoce des mécanismes de résistance tumorale. “Ces grands projets sont assez larges, reconnaît le directeur du PKC. Ils visent tous à mieux comprendre les mécanismes de développement des cancers de l’enfant, en particulier à mieux identifier à partir de quelles cellules ces cancers se développent, pour comprendre les relations entre les développements normal et tumoral.” Avec en ligne de mire une priorité : “définir certains points où le PKC peut avoir un réel impact”.
Même si pour l’instant aucun acteur privé n’est associé au projet, ils le seront certainement à terme, lorsqu’il s’agira de mettre en place des essais cliniques. Car l’objectif assumé du PKC est bien que ces programmes de recherche translationnelle soient déclinés en clinique. Le programme promeut non seulement le rapprochement entre chercheurs et médecins chercheurs, mais aussi entre recherche fondamentale et appliquée.
“Le Paris Kids Cancer a la volonté d’être un catalyseur, un accélérateur de la recherche dans les cancers de l’enfant, dans le passage en pratique clinique des découvertes de recherche fondamentale ou translationnelle. Nous souhaitons aussi rapprocher les acteurs au niveau régional dans ce domaine, issus de différentes disciplines, et mettre en commun et analyser des données massives, grâce à l’intelligence artificielle”, Dr Olivier Delattre, directeur du Paris Kids cancer, Directeur de recherche à l’Inserm et directeur de l’unité de recherche mixte U830 Inserm/Institut Curie « Cancer, Hétérogénéité, Instabilité et Plasticité ».
Le Dr Delattre déplore qu’à l’heure actuelle “beaucoup d’essais cliniques chez l’enfant (soient) en cours, mais (qu’ils soient) principalement académiques, et peu financés par les industriels. Les cancers de l’enfant sont rares, c’est un marché de niche. L’un de nos objectifs est que les industriels puissent s’inspirer des découvertes de PKC pour initier des développements pédiatriques (PIP).” Les associations de parents ont également un rôle majeur à jouer pour faire évoluer les réglementations, faciliter et inciter les industriels à enclencher des essais, être en résumé “une force de lobbying auprès de différentes instances pour accélérer l’accès aux nouveaux médicaments et améliorer la prise en charge des traitements des cancers de l’enfant”.
L’impact de la maladie, son aspect social et psychologique, sera également étudié, au travers des sciences humaines et sociales. L’idée sera aussi de transcrire dans un langage clair et accessible les termes scientifiques parfois complexes à comprendre pour les non-initiés, les enfants et leur famille en particulier. Les premiers concernés seront ainsi intégrés de plain-pied dans ce projet qui vise l’amélioration de la compréhension par et pour tous des tumeurs pédiatriques.