En marge de la COP 26, qui s’est tenue du 31 octobre au 12 novembre à Glasgow, en Ecosse, la biopharmaceutique a affirmé son engagement contre le réchauffement climatique. “Nous investissons dans la recherche et le développement de produits plus écologiques, ainsi que dans des pratiques de production et de distribution plus durables”, déclarent conjointement une dizaine d’organisations représentatives du secteur.
Leurs membres travaillent déjà “sur des initiatives visant à réduire les émissions de carbone dans (leurs) propres opérations et chaînes de valeur, à investir dans l’électricité renouvelable et les mesures d’efficacité énergétique, à recycler et à réduire la consommation d’eau et à des projets sur mesure qui auront un impact positif sur l’environnement”.
Selon Kirsty Reid, Director Science Policy chez EFPIA (Fédération européenne des industries et associations pharmaceutiques), l’un des signataires, “depuis 2015, certaines entreprises ont déjà baissé leurs émissions de 20 à 30 % et seront neutres bien avant 2050.”
“C’est très encourageant de voir des entreprises s’attaquer de manière proactive au changement climatique et effectuer une transition vers une économie circulaire, en réduisant les déchets et en réutilisant l’énergie par exemple”, Kirsty Reid, Director Science Policy chez EFPIA (Fédération européenne des industries et associations pharmaceutiques)
UCB et Astrazeneca ont respectivement installé un système de production combinée de chaleur et d’électricité et des pompes à chaleur et ainsi significativement baissé leur consommation en gaz naturel. De même, Sanofi a réussi en cinq ans à baisser ses émissions en CO2 de 40% et à économiser 22 000 tonnes de CO2, simplement en réduisant les fuites de réfrigérants dans ses refroidisseurs. D’autres entreprises, comme Lundbeck, sont passées des énergies fossiles aux bioénergies, allégeant leur facture carbone de 16% par an. Le site de Janssen, en Belgique, mise désormais sur le géothermique pour chauffer et climatiser l’ensemble de ses bâtiments.
Des progrès notables sont aussi réalisés au niveau des processus d’entreprise, du packaging ou encore dans le suivi des émissions de carbone à chaque étape de la chaîne de valeur.
Avec le Leem, les entreprises du médicament se mobilisent
Egalement signataires, le Leem (l’Organisation professionnelle des entreprises du médicament opérant en France) et ses 270 sociétés adhérentes, ont formé depuis quelques années un groupe d’industriels dédié à ce sujet, dans le but de partager sur les bonnes pratiques environnementales et d’accompagner les entreprises dans leurs démarches, notamment les TPE/PME. Un outil leur permettant d’évaluer leur facture carbone a ainsi été élaboré, avec un référentiel pour identifier tous les postes d’émissions de CO2. A l’inverse des structures de plus de 500 salariés, les petites et moyennes entreprises n’ont pas l’obligation de réaliser un bilan carbone. Malgré leur bonne volonté, elles n’ont parfois ni les compétences ni l’expertise nécessaires, d’où l’importance d’un tel accompagnement.
Par ailleurs, la quatrième édition des trophées RSE des entreprises du médicament, organisée par le Leem, récompensera encore cette année, le 2 décembre 2021, des pratiques innovantes et vertueuses dans la catégorie “Environnement”.
“Le Leem est l’une des premières organisations professionnelles à avoir mis en place des initiatives collectives dans le domaine de l’environnement et plus généralement de la responsabilité sociétale de l’entreprise pour renforcer la synergie sur des ambitions partagées, nationales et internationales”, Thomas Borel, Directeur scientifique du Leem.
Sur le territoire français aussi, les initiatives sont nombreuses. Sanofi, avec son programme Planet mobilisation, mais aussi Novartis, Ibsen, Novo Nordisk et bien d’autres, les laboratoires présents dans l’Hexagone mènent des politiques ambitieuses pour réduire les émissions en carbone générées par leurs activités voire atteindre la neutralité à des horizons plus ou moins courts, entre 2025 et 2040 pour la plupart.
“Pour les entreprises du médicament, respecter l’environnement relève aussi d’un délicat arbitrage entre qualité et sécurité des produits d’une part et impact environnemental de l’autre”, explique Thomas Borel. Les médicaments doivent par exemple être conservés dans des packagings adaptés pour garantir leur sécurité . Les objectifs de réduction des emballages doivent ainsi s’aligner sur la mission de santé publique portée parles entreprises du médicament.
Un autre défi de taille est de s’assurer que les sous-traitants partagent les mêmes ambitions environnementales (transport, stockage, distribution, etc.).
Même si le sujet est complexe, les incitations et la régulation de l’Etat français évoluent dans le bon sens, et l’industrie de la santé saisit chaque occasion pour accélérer le mouvement.