Et si à l’avenir, la salive se substituait aux prises de sang ? ”La bouche peut être un miroir de notre état de santé général, affirme Vincent Blasco-Baque. Ses biomarqueurs salivaires reflètent la réalité du corps humain.” Son confrère Matthieu Minty et lui ont donc imaginé un test salivaire qui constituerait une alternative intéressante, non seulement pour les 3,5 millions de diabétiques que compte la France, mais aussi pour d’autres pathologies comme l’insuffisance cardiaque ou les maladies coronariennes.
Les biomarqueurs ont été identifiés et sont en phase de validation. Un prototype miniature, implantable dans une couronne, devrait être finalisé d’ici 2025. « On sait que les maladies bucco-dentaires sont associées à certaines maladies métaboliques, cardiovasculaires, respiratoires ou neurodégénératives. Des études récentes décrivent aussi que certains facteurs microbiens oraux jouent un rôle dans le risque de développer certains cancers, ou une fibrose du foie », ajoute Matthieu Minty. Un algorithme qui relie la composition salivaire biologique et microbiologique et la glycémie a donc été mis au point.
Le biocapteur réaliserait des mesures en continu reflétant la glycémie du patient (acides gras, cholestérol, lipase et autres enzymes…), transmises sur smartphone et au médecin. Les malades diabétiques n’auraient ainsi plus besoin de se piquer, parfois plusieurs fois par jour.
”Monitorer la signature de la cavité buccale et de la salive nous rendra capables de monitorer de façon non-invasive, simple, non-douloureuse et continue les pathologies générales des patients. Les possibilités sont infinies parce-que la salive interagit avec toutes les pathologies. Cette dent connectée cible aujourd’hui le diabète, et demain toutes les maladies métaboliques, les cancers, les pathologies neurodégénératives et même les maladies auto-immunes”, Pr Vincent Blasco-Baque, chercheur à l’Institut des Maladies Métaboliques et Cardiovasculaires de Toulouse.
La recherche de partenaires industriels est actuellement en cours pour réaliser une levée de fonds, avec l’accompagnement d‘Inserm Tech Transfert, la filiale privée de l’Inserm chargée de coordonner la valorisation des innovations issues de ses laboratoires de recherche. Un essai clinique devrait débuter d’ici la fin de l’année, auprès d’une cohorte de validation de 80 patients, dont la glycémie et la salive seront analysées pendant 10 heures d’affilée, à l’aide d’un crachoir.
Cet implant miniaturisé pourrait à terme permettre de disposer facilement d’un bilan de santé, sans recourir au laboratoire d’analyse.