“Le numérique doit faire partie intégrante du continuum prévention-soins-recherche.” Morgane Ménard, responsable Innovation à l’ICO (Institut de Cancérologie de l’Ouest), en est persuadée. Cette conviction, elle la partage avec les autres partenaires du consortium « Onco Atlantique », lauréat de la deuxième vague de projets “Tiers-lieux d’expérimentation en santé numérique”.
“L’envie de candidater découle de notre volonté de structurer le digital au sein de nos services et de montrer aux personnels soignants comment l’intégrer au quotidien et contribuer au développement de nouvelles solutions numériques”, poursuit la responsable Innovation.
La stratégie « Santé numérique », dotée d’un budget total de 718 millions d’euros, entend répondre au manque de terrains d’expérimentation pour la filière. Dans cette optique, l’Etat va sélectionner au total 30 tiers-lieux entre 2022 et 2024. “Onco Atlantique” est pour l’instant le seul dédié à l’oncologie.
“Ce n’est pas un projet mono-centre ni mono-région”, tient à préciser Morgane Menard. Deux régions sont associées (Pays de la Loire et Nouvelle-Aquitaine), deux centres de luttes contre le cancer (l’Institut de Cancérologie de l’Ouest (ICO) et l’Institut Bergonié) et un hôpital public (Centre Hospitalier Intercommunal Mont de Marsan – Pays des Sources), mais aussi des associations de patients, des représentants des médecins de ville, des acteurs du médico-social comme des EHPAD (Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes), des startups, des territoires, des pôles de compétitivité, des sociétés savantes oncologiques…
“Ce nouveau tiers-lieu d’expérimentation va contribuer à l’accélération de solutions innovantes en santé numérique grâce à une expertise 100% oncologie. La lutte contre le cancer ne se fera pas que par le biais de la thérapie mais aussi de la technologie. Le digital doit être intégré efficacement au sein de l’hospitalier”, Morgane Ménard, Responsable Innovation à l’ICO (Institut de Cancérologie de l’Ouest).
Deux premiers projets financés par la Banque des territoires, vont débuter au mois de mai 2024, pour une durée d’un an environ.
SEMEIA, avec sa solution Oncowise, propose des outils pour prédire la toxicité et/ou la non-observance des traitements grâce à l’IA, dans le cancer de la prostate. Oncowise capte la survenue d’effets secondaires en se basant sur les résultats de biologie et des éléments du parcours de soins (les données de villes sont agrégées sur un même socle commun). Ce dispositif de télésurveillance assure un suivi à distance du patient afin de prévenir l’aggravation de la maladie.
La société RDS a développé une autre solution de télémonitorage à distance, Multisense, cette fois-ci pour sécuriser les sorties d’hôpital de patients présentant un risque gériatrique mineur ou intermédiaire. Un patch apposé sur leur nuque mesure six constantes en continu, pendant minimum cinq jours (rythme cardiaque, température cutanée, saturation en oxygène, rythme respiratoire, posture et activité). Il pourrait remplacer les chariots et accompagner le patient chez lui ou en intra-hospitalier, avec à la clef moins de complications. Ce dispositif optimiserait par ailleurs la gestion des lits dans les établissements hospitaliers. La solution va être testée chez des patients de plus de 70 ans ayant subi une chirurgie de cytoréduction péritonéale, dans les trois établissements partenaires.
D’autres projets suivront en 2025. A terme, le consortium “Onco Atlantique” espère atteindre l’autonomie financière, en s’entourant d’acteurs privés et en proposant son offre à des startups par exemple.
L’ICO appartient à la famille Unicancer qui regroupe au total 18 centres de lutte contre le cancer (CLCC). Spécialiste des cancers solides, l’Institut traite tous les aspects de la maladie, avec une approche pluridisciplinaire (oncologues, radiologues, chirurgiens, radiothérapeutes, kinés, coachs, oncocardiologues, oncogénéticiens,…). 222 praticiens sont répartis sur deux sites (Angers et Saint-Herblain). 49000 patients sont accueillis chaque année.