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Karine Rossignol, Smart Immune CEO and co-founder

Smart Immune séduit la Fondation Bill Gates

En plus d'une subvention de 2,5 millions d'euros décernée le 30 mars par l'EIC, la biotech annonce l'entrée de la célèbre fondation américaine au sein de son capital, pour 5 millions d'euros.

Karine Rossignol, Smart Immune CEO and co-founder
2 Jun 2023

Actuellement, seuls 25 000 patients bénéficient chaque année d’une greffe de moelle osseuse allogénique, alors que plus de 75 000 en ont besoin, en Europe et aux États-Unis. La solution de Smart Immune, en cours de développement, pallie ce problème. “Nous sommes la première société au monde capable de développer des progéniteurs de lymphocytes T en grade clinique, en seulement 7 jours au lieu de 15 mois en physiologie humaine. Ils sont la base de la thérapie cellulaire nouvelle génération que nous développons pour  réarmer le système immunitaire du patient contre les infections et les tumeurs, explique Karine Rossignol, CEO et co-fondatrice de Smart Immune. Cela change complètement le pronostic.”

En biomimant la différenciation cellulaire ex-vivo, pour la première fois en médecine humaine, Smart Immune cultive des progéniteurs de lymphocytes T allogéniques qui, une fois injectés au patient, seront différenciés dans le thymus, en trois mois, en un répertoire immunitaire complet. L’objectif est de disposer d’un produit “prêt à l’emploi” pour la médecine personnalisée, plus sûr, plus efficace et plus accessible.

Le procédé le plus commun aujourd’hui est la greffe de moelle osseuse. Elle consiste à trier les cellules souches sanguines après un prélèvement de moelle osseuse d’un donneur compatible avec le patient. Mais lors d’un traitement par chimiothérapie, le système immunitaire est affaibli voire plus du tout fonctionnel. C’est le cas pour les patients leucémiques.  Or, avec la greffe de moelle osseuse, il faut au moins 18 mois pour que cette transplantation soit utile à la personne malade, le temps que les cellules souches hématopoïétiques (CSH) atteignent le thymus et y soient éduquées pour être en capacité de tuer les cellules infectées par le virus ou les cellules tumorales. Cette fenêtre temporelle est fatale au patient dans près de la moitié des cas (à 3 ans). Smart immune relève donc le pari de réduire cette fenêtre de vulnérabilité.

La greffe de moelle osseuse a donné naissance aux CAR T cells. Ce sont des lymphocytes T surarmés génétiquement pour un type de tumeur donné. Cette technologie s’appuie sur des lymphocytes T matures, déjà éduqués sur un thymus (traitement autologue ou allogénique), alors que la spin-off de l’Institut Imagine (Paris) offre un accès à des cellules immatures, qui ne sont pas encore éduquées et qu’elle peut produire in vitro en 7 jours. Ces progéniteurs sont tolérés par le thymus. L’avantage est donc double : l’autologue ne génère pas de réaction contre l’hôte et l’allogénique permet de partir de cellules de donneurs possiblement disponibles Off the shelf/sur l’étagère. 

Un premier essai de phase I/ II a débuté en France et en Italie auprès de bébés bulles. “Les premiers résultats sont très encourageants. Les patients malades ont retrouvé très rapidement un système immunitaire, beaucoup plus vite que dans le bras contrôle”, se félicite Karine Rossignol.

Un autre essai clinique ciblant la leucémie aiguë réfractaire à la chimiothérapie est mené aux Etats-Unis chez l’adulte, avec le même actif principal de Smart Immune, SMART 101, un produit de thérapie cellulaire allogénique produit à partir de sang périphérique de donneurs sains pour lutter contre les rechutes. A terme, 34 patients seront inclus. “Nous sommes les premiers au monde à pouvoir utiliser ces cellules chez l’homme en clinique. C’est génial de pouvoir ouvrir la voie !”, se réjouit la CEO.

Cette étude pourrait également avoir un impact à une échelle encore plus conséquente, puisqu’elle contribuera à comprendre comment le déficit en lymphocytes T associé au VIH peut être inversé. SMART 101 pourrait donc constituer une première étape vers un produit allogénique dit « universel » de thérapie cellulaire résistant au VIH.

“Cette reconnaissance de la part de la Fondation Bill & Melinda Gates est une véritable validation de la science développée par Smart Immune. Quant à la subvention et à l’engagement de l’EIC, c’est aussi une validation énorme, notamment de notre business model et de notre capacité à créer de la valeur économique sur le continent européen.(…) Ces soutiens et ces fonds peuvent nous permettre de conserver notre agilité et notre avance sur les concurrents américains à un tournant hyper excitant de la vie de la société”, Karine Rossignol, CEO et co-fondatrice de Smart Immune.

Le financement de ces phase I/II de ces essais cliniques va être en partie assuré par une levée de fonds de 50 millions d’euros qui aura lieu cette année, mais aussi par le nouvel entrant au capital de la startup : la célèbre Fondation Bill & Melinda Gates. Le 17 avril 2023, Smart Immune a eu le plaisir d’annoncer leur investissement en capital_ fait rare pour cette institution_ à hauteur de 5 millions de dollars. Cette somme va également servir à accélérer le développement de ProTcell, la plateforme basé sur les progéniteurs de lymphocytes T de la startup.

Fin mars, Smart Immune a également été lauréate d’un appel d’offre très compétitif de l’EIC (Conseil Européen de l’Innovation). Seules 39 sociétés sur environ 500 à candidater (dans tous les secteurs industriels) ont été financées. Smart Immune (comme 16 autres entreprises européennes, avec des montants variables) a décroché un engagement de participation au capital de 15 millions d’euros, en plus d’une subvention de 2,5 millions euros. Cet investissement de l’EIC a été réalisé à travers son programme EIC Accelerateur, conçu pour soutenir les petites et moyennes entreprises (PME), en particulier les startups et les spin-out, afin de développer et de transposer à plus grande échelle des innovations de rupture.

La biotech a été fondée en 2017 par Karine Rossignol (PharmD-HEC) et les chercheuses Marina Cavazzana (Prix Irène-Joliot-Curie 2012 ; MD-PhD) et Isabelle André (PhD). En mars dernier, elle a été sélectionnée pour intégrer la première promotion du programme French Tech Health20, au côté de 20 sociétés. Ce programme vise à accompagner les startups qui souhaitent innover au service de la souveraineté technologique, industrielle et sanitaire de la France.

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