Il y a plus de dix ans, un patient souffrant d’insuffisance rénale avait reçu avec succès un greffon rénal fonctionnel. Début mai, après qu’il a été victime d’un accident vasculaire cérébral massif, son foie a été prélevé et ce greffon rénal re-prélevé également, dans le cadre du protocole Maastricht III. Ce greffon a été re-transplanté à un receveur sous dialyse et sur liste d’attente.
Le protocole Maastricht III est appliqué en France depuis 2014, et depuis 2016 au sein des établissements de l’AP-HP. Il concerne des personnes hospitalisées dans des services de réanimation, la plupart du temps suite à un accident vasculaire cérébral, mais qui ne sont pas encore en état de mort cérébrale. Lorsque plus aucun espoir de survie ne demeure, qu’aucune ressource thérapeutique n’est plus envisageable, un comité d’experts se réunit et statue. Il peut décider de l’arrêt des thérapies actives, dans le respect de la Loi Leonetti. Après cinq minutes d’arrêt circulatoire du cœur, le décès est prononcé. Le prélèvement d’organes peut alors débuter.
“Le développement du protocole Maastricht III en France, apporte de l’espoir à tous les patients en attente de greffes. Pour les transplantations rénales, il y en a 8 000 en France alors que seules 3500 opérations ont lieu chaque année. Tout protocole qui permet d’augmenter le nombre de greffons est un plus énorme et Maastricht 3 va clairement dans ce sens-là”, Dr François Gaudez, du service d’urologie de l’hôpital Saint-Louis AP-HP.
C’est la première fois en France que cette procédure est réalisée avec succès pour un greffon rénal. Le patient transplanté le savait. “La transplantation a donné des résultats exceptionnels : ce greffon rénal re-prélevé a été re-transplanté le jour même sur ce nouveau receveur. La fonction du greffon a repris en moins de 48 heures”, se réjouit le Dr François Gaudez.
L’opération est néanmoins délicate. “C’est un challenge qui présente une part d’incertitude. Cela prend plus de temps, il faut plus de précaution, concède le Dr Gaudez. 10 ans après la transplantation, l’organe s’est intégré au corps du receveur. Une fibrose cicatricielle entoure le greffon ce qui complique son ablation. Il faut donc veiller à ne pas abîmer le greffon, ni l’artère et la veine auxquelles il est relié.”