Il n’y a plus besoin de trancher entre le respect de la vie privée des patients et les besoins de la recherche pour innover. Pour échapper à ce dilemme auquel il était confronté au quotidien dans sa première entreprise d’analyse des données de santé, MethodOmics, Olivier Breillacq a fondé Octopize en 2018. “Un certain consensus social admet qu’il faut partager les données, avec le consentement des individus, mais dans les faits, c’est très compliqué. Il manquait une technologie adaptée.”
Cette technologie, c’est l’avatarisation. Elle a séduit des industriels de la pharma, mais aussi des laboratoires, hôpitaux, et même le Health Data Hub, l’organe chargé de gérer les données de santé des Français. Elle fait gagner entre 12 et 18 mois aux porteurs de projet.
“Notre vision respectueuse des données issues des individus répond à un enjeu éthique de société, tout en étant au service de tous. J’ai la conviction que d’ici 10 ans, nous utiliserons uniquement les données de synthèse pour les usages secondaires. Nous ne sommes qu’au début de cette révolution”, Olivier Breillacq, fondateur et Directeur d’Octopize.
Baptisée Avatar, cette méthode repose sur plusieurs brevets, avec cette particularité unique sur le marché de proposer des métriques garantissant à la fois la sécurité et l’intérêt des données tout au long du processus. Ces métriques garde-fou démontrent que les qu’avatars sontest conformes aux trois critères définis par le CEPD (Comité européen de la protection des données) : individualisation, corrélation, individualisation et inférence.
La méthode d’Le logiciel commercialisé par Octopize a été approuvée par la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés) en juin 2020. Ce système d’avatar génère à partir de profils d’utilisateurs ou de patients sources des profils synthétiques fictifs, qui conservent les mêmes qualités et intérêts que les données initiales, sans aucune agrégation ou masquage. En accord avec le RGPD (Règlement général sur la protection des données), ces données de synthèse peuvent être exploitées sans limite de temps pour la recherche académique, les études préliminaires au lancement d’un médicament ou d’une solution medtech, pour évaluer l’effet d’un médicament, dégager des statistiques, etc. “L’avatar est tout à fait pertinent d’un point de vue statistique etmais empêche l’identification du patient source”, précise Olivier Breillacq.
Octopize a ainsi collaboré avec l’AP-HP pour constituer une importante base de données portant sur les 20 % des patients souffrant de la Covid 19 qui déclenchent des complications respiratoires. L’objectif était de favoriser la recherche et le développement d’algorithmes de machine learning pour établir un score de sévérité et prévenir les cas les plus graves.
En septembre 2021, la startup a levé 1,5 million d’euros pour déployer sa technologie au-delà du secteur de sa santé. Des partenariats sont déjà en cours avec le secteur automobile et des entreprises de télécommunication. Octopize est également lauréat du programme I-Nov. La société va bénéficier, en plus d’1 demi-million d’euros, d’un accompagnement financier de l’Etat français dans le développement de ses solutions. Elle ambitionne de espère devenir le leader en Europe de l’anonymisation des données.