La plus grande salle blanche medtech d’Europe (2 .300 mètres carrés) vient d’ouvrir dans la banlieue de Paris. On y fabrique des pacemakers et des défibrillateurs implantables. Et plus précisément, le mécanisme électronique qui fait toute la valeur de ces dispositifs médicaux. Il s’agit de de la société MicroPort CRM (CRM comme « cardiac rythm management »), une des seules usines de microprocesseurs en Europe.
Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres. Au-delà de MicroPort, c’est toute l’industrie française de la MedTech qui s’anime avec l’éclosion de la santé numérique.
La MedTech française : un secteur dynamique et innovant
Son marché est estimé en 2021 à 30,7 milliards d’euros de chiffre d’affaires, dont 10 milliards à l’export (+4,3% de croissance annuelle). 1 440 entreprises ont été recensées en 2021 dont 93% de PME pour près de 88 000 emplois directs. Les entreprises internationales représentent 1/4 des entreprises en France et 2/3 du chiffre d’affaires du secteur. Plus de 85 % des entreprises de la filière sont d’origine française ou européenne. *
Le marché européen des technologies médicales est estimé à environ 140 milliards d’euros en 2020 et représente le 2ème plus important marché après les Etats-Unis. La France est le deuxième marché européen pour les dispositifs médicaux derrière l’AllemagneAllemagne **et prend un tournant prometteur grâce notamment à la part de chiffre d’affaires réinvesti dans la R&D, 7% en 2021. *
Recherche et Développement et percée du numérique
Le secteur du dispositif médical est caractérisé par une multitude de produits dont le cycle de vie est court et l’innovation permanente. Par ailleurs, le modèle de R&D du DM s’appuie principalement sur la mise en place de partenariats publics/privés sur le long terme. La part de chiffre d’affaires consacrée à la R&D atteint 7% en 2021 (vs 6% en 2019). Près des deux tiers (63%) des entreprises ont une activité de R&D et 13% des entreprises sont exclusivement actives en R&D (start-up).
Plusieurs facteurs sont à l’origine de cette dynamique : les financements publics et l’innovation collaborative d’une part, l’intégration du numérique dans les produits et systèmes existants d’autre part.
En effet, l’accompagnement par Bpifrance, par des fonds d’investissement et par les dispositifs financiers (essentiellement le Crédit Impôt Innovation -CII- et le Crédit d’Impôt Recherche -CIR-) permet aux entreprises un réinvestissement de leur chiffre d’affaires dans la R&D. Par ailleurs, la recherche d’excellence française, qu’elle soit académique ou clinique, mondialement reconnue, constitue un socle solide sur lequel les entreprises s’appuient, 62% des acteurs mènent en effet leurs essais cliniques en France.
La technologie numérique intégrée à des dispositifs médicaux existants constitue une innovation servicielle à part entière. Près de 42 % des entreprises interrogées ont un DM connecté ou une solution digitale en cours de développement. 25% ont déjà un produit dans leur gamme.
Développer et produire les dispositifs médicaux de demain
De nombreuses levées de fonds renforcent également les capacités d’investissement dans des projets prometteurs tels que :
- Padoa qui a levé 80 millions d’euros en février 2022 pour améliorer la santé au travail
- Wandercraft qui a levé 405 millions en janvier 2022 pour son exosquelette
- Résilience qui a levé 40 millions en janvier 2022 pour son dispositif de télésurveillance et de suivi thérapeutique
- Cairdac qui a levé 17 millions en mars 2022 pour son pacemaker sans sonde autonome
Des programmes France 2030 et Innovation santé 2030 ambitieux : faire de la France la première nation européenne innovante et souveraine en santé
« Revenir à la tête d’une médecine plus prédictive, plus préventive, plus innovante, plus personnalisée et avec un tissu productif davantage fabriqué en France. »
Tel est le cap fixé par le Président français Emmanuel Macron le 12 octobre 2021 et d’ajouter : “La France doit être capable de penser et produire les dispositifs médicaux de demain. Nous n’avons pas d’autre choix que de devenir parmi les meilleurs dans le secteur de la santé”.
Il a doté d’un “pilier santé” son plan de relance “France 2030”, qui doit refaire de l’industrie de santé française le leader mondial qu’elle a été il y a 20 ans. Ce plan représente 7,5 milliards d’euros sur 3 à 5 ans dont une enveloppe de 400 millions d’euros exclusivement dédiée à la MedTech.***
Ces nouveaux financements vont arriver par quatre canaux :
- 170 millions d’euros vont soutenir des projets correspondant aux priorités identifiées par le gouvernement : robots chirurgicaux, dispositifs implantables au long cours et de dépistage, diagnostic, traitement des troubles de la santé mentale.
- 140 millions d’euros vont être investis dans des projets en lien avec une production nationale.
- 60 millions d’euros pour aider les fabricants à percer dans les hôpitaux.
- 30 millions pour faciliter l’accès au marché.
La vision de long terme est celle d’une “révolution médicale” grâce à la convergence de l’intelligence artificielle, de l’internet des objets et des technologies quantiques. L’ambition est de faire de la France la première nation européenne innovante et souveraine en santé.
La France n’a jamais été aussi attractive pour les investisseurs étrangers qu’en 2021
En 2021, la France a accueilli 1 607 projets d’investissement international qui ont permis la création ou le maintien de 45 008 emplois. Une croissance record et des résultats historiques (+32 % en nombre de projets et +30 % en nombre d’emplois) et dépassent leur niveau de 2019. Ils prouvent ainsi que la crise sanitaire n’a nullement entamé la confiance des investisseurs étrangers dans le potentiel de la France.
Les chiffres dévoilés par Business France le 29 mars 2022 à l’occasion de la publication du Bilan des investissements internationaux en France sont éloquents : une hausse de quasiment 10 % du nombre de projets et de 14 % du nombre d’emplois, avec 176 nouvelles implantations par rapport à 2020. Chaque jour, en moyenne, plus de quatre projets d’investissement étrangers se sont dirigés vers la France, pour y créer ou sauvegarder plus de 120 emplois.
L’Allemagne est le premier pays étranger à investir en France. Elle passe devant les Etats-Unis avec 18 % des investissements (États-Unis, 15 % ; Royaume-Uni, 9 %). Au global, les projets proviennent d’une soixantaine de pays.
L’attractivité de l’ensemble du territoire français, tous secteurs confondus, ne cesse donc de progresser, alors que déjà depuis 2019, l’Hexagone est le premier pays d’accueil des investissements internationaux en Europe.
La santé reste le premier secteur industriel prisé des investisseurs étrangers, en nombre de projets.
Ces investissements concernent aussi bien des projets industriels que des projets de R&D d’entreprises internationales spécialisées dans l’industrie pharmaceutique (HTL, Recipharm, etc.) ou dans les dispositifs médicaux (Medicom, Tokibo, Getinge, etc.). L’Allemand Merck investit ainsi 25 millions d’euros et crée 500 emplois dans son centre de production de vaccins situé à Molsheim, en Grand Est.
De même, la société britannique SharpTX, spécialiste des thérapies digitales innovantes permettant de détecter, prévenir et traiter les pathologies du système nerveux, s’est implantée en France suite au Brexit. Elle a crée Five Lives à Tours (Centre-Val de Loire) pour son développement R&D et le déploiement de ses produits et prévoit d’embaucher 40 personnes.
En tout, 460 projets industriels d’origine étrangère ont été recensés en 2021 sur le territoire, un record qui prouve que le Made in France est plus que jamais à la mode.