Le conflit en Ukraine entraîne une inquiétante pénurie de produits de santé. Les livraisons pharmaceutiques ont cessé au vu de la complexité et de la dangerosité du transport terrestre et de l’arrêt du transport aérien dans le pays.
Selon le HCR (Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies), plus de 4 millions d’Ukrainiens ont fui leur pays, essentiellement des femmes et des enfants. A ces réfugiés s’ajoutent des déplacés internes, 7,1 millions de personnes, qui ont quitté leur foyer pour un endroit plus sûr en Ukraine. L’UNOCHA (Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU) estime que 12 millions de personnes nécessitent actuellement une assistance en Ukraine, soit plus d’un quart de la population. Selon l’ONU, l’aide humanitaire ne couvre que la moitié des besoins médicaux.
Face à cette situation tragique, l’association Tulipe a déjà fait parvenir en Ukraine et en Pologne 50 tonnes de médicaments et produits de santé. Tulipe fédère les dons des entreprises de santé pour répondre, en urgence, via ses partenaires sur le terrain, aux besoins des populations en détresse, lors de crises sanitaires aiguës, de catastrophes naturelles et de conflits. Elle travaille avec une vingtaine d’ONG partenaires, locales et internationales (comme Première Urgence Internationale et Action contre la Faim), le Ministère de la Santé ukrainien et le Centre de Crise et de Soutien du Ministère des Affaires étrangères français.
« Nous sommes à la fois face à de la médecine de guerre, c’est-à-dire des pansements, des compresses, des kits de suture, des médicaments injectables,… mais aussi face à de la médecine plus classique à destination des réfugiés pour le suivi de leur traitement : diabète, hypertensions et autres pathologies chroniques », précise Alexandre Laridan, Directeur des opérations de l’association Tulipe.
Les laboratoires Ipsen et Servier ont chacun réalisé des dons de 1,5 million d’euros. A l’annonce des premiers tirs, les deux groupes se sont assurés que leurs collaborateurs en Ukraine étaient en sécurité. Servier compte une centaine d’employés sur place, via sa filiale Egis.
La solidarité en interne
En plus d’acheminer des médicament et kits d’urgence médicale sur place, Servier a encouragé la solidarité au sein même de ses équipes. Les employés ukrainiens du groupe qui ont fuis les combats ont été accueillis dès le passage de la frontière par des collaborateurs Servier des pays frontaliers puis hébergés dans des lieux d’accueil ou dans les familles des collaborateurs du Groupe. Une cagnotte solidaire a également été ouverte pour donner la possibilité aux collaborateurs d’alimenter par leurs dons personnels un « Fonds de solidarité Ukraine ». 1 euro versé par un collaborateur = 1 euro versé par le Groupe. Servier a par ailleurs fait savoir que les bénéfices réalisés cette année par sa filiale russe seront utilisés pour soutenir le peuple ukrainien.
En plus d’un don de 100 000 euros au Comité International de la Croix-Rouge, la Fondation Pierre Fabre a réservé plus de 7 tonnes de produits d’hygiène et de soin pour les réfugiés Ukrainiens, aux pays frontaliers mais aussi en France. Pierre Fabre réalise aussi des dons de médicaments via l’association Tulipe.
Les professionnels de santé français prêts à venir en aide
Dès le 8 mars 2022, l’association French Healthcare a ouvert une plateforme de téléconsultation gratuite, pilotée par la startup Bealy, société de télémédecine spécialiste des soins transfrontaliers. L’objectif est de mettre en contact un maximum de professionnels de santé français anglophones et russophones avec les victimes du conflit, déplacées ou restées sur place, et également d’assister les personnels paramédicaux en Ukraine. Les soins prodigués concernent l’accès aux médicaments de première nécessité mais couvrent aussi les maladies chroniques. Les deux partenaires lancent un appel aux professionnels de santé volontaires, en particulier russophones et ukrainophones, qui peuvent s’enregistrer ici.
L’AP-HP a envoyé dès le 7 mars 2022 un premier stock de près de cinq tonnes de médicaments. D’autres chargements doivent être prochainement envoyés. Des dons en équipements pour les hôpitaux ukrainiens sont prévus (moniteurs, ECG, défibrillateurs, pousse-seringues, ventilateurs, manomètres, stéthoscopes, couveuses…). Des équipes médicales du SAMU et des hôpitaux de l’AP-HP pourraient en outre être sollicitées pour soigner les réfugiés en Pologne. En parallèle, les cellules d’urgence médico-psychologiques et les centres régionaux de psychotraumatisme sont prêts à accompagner en France les réfugiés en provenance d’Ukraine. Les équipes d’oncopédiatrie de l’AP-HP, avec Gustave Roussy, l’Institut Curie et la Société française de lutte contre les cancers et les leucémies de l’enfant et de l’adolescent (SFCE), commencent à accueillir des enfants atteints de cancer. Au 1er avril 2022, un total de plus de deux cents patients ukrainiens a été pris en charge dans les hôpitaux de l’AP-HP.
Au niveau local aussi, la solidarité marche à plein. Les pôles de compétitivité du secteur santé du Nord de la France, Eurasanté et Clubster NSL, ont initié dès le mois de mars l’opération « Solidarité Ukraine entreprises Hauts-de-France » pour orienter leurs adhérents souhaitant faire des dons de produits de première nécessité, tels que des produits d’hygiène et des denrées alimentaires non périssables.
L’Institut Pasteur s’est quant à lui proposé d’accueillir les chercheuses et chercheurs ukrainiens au sein de ses laboratoires de recherche pour qu’ils puissent continuer leur activité au sein de la soixantaine de laboratoires que compte son campus.