Les premières biotechs vont pouvoir postuler début 2023, le temps que la première partie des travaux de rénovation d’Hôtel-Dieu s’achève. L’incubateur et l’espace qui lui est dédié vont monter en puissance au fur et à mesure de l’avancée des travaux. En tant que l’un des deux sponsors fondateurs pharmaceutiques, Ipsen siègera au comité de sélection des membres.
Le nombre de biotechs accueillies sera fonction de leur stade de développement et de leurs nombres de collaborateurs. Dans l’immédiat, les startups sélectionnées seront à un stade de développement précoce de leurs innovations. Dans l’avenir, il est possible que l’incubateur s’ouvre à des sociétés à un stade avancé.
Les startups paient un loyer mensuel et peuvent sortir à tout moment, ce qui est plus souple pour leurs finances qu’un bail traditionnel. Elles auront leur propre espace de recherche, des équipements pour mener à bien leurs expériences mais aussi des équipements spécifiques coûteux partagés (réfrigérateurs à basse température, centrifugeuses,…) mis à disposition par BioLabs.
La présence d’autres jeunes pousses à leurs côtés a également vocation à susciter un esprit d’émulation, des échanges, voire des collaborations. Ipsen fera un point régulier avec elles, qu’elles évoluent dans ses aires thérapeutiques ou non, “pour les aider à penser leur développement, anticiper les risques et les opportunités qu’elles peuvent prendre et les conseiller pour ouvrir des portes vers des partenariats et des financements”, détaille Philippe Lopes-Fernandes, Executive Vice President et Chief Business Officer chez Ipsen. Le laboratoire français espère bien entendu aussi trouver des biotechs qui lui apporteront des projets.
“En ouvrant cet incubateur de startups biotechs à Hotel-Dieu, nous voulons contribuer avec BioLabs à créer un écosystème fort. Cela va impulser un véritable changement en France, capable d’avoir un impact conséquent à long terme. (…) L’innovation française n’a pas à rougir de la comparaison avec les Etats-Unis. En revanche, les brevets de recherche fondamentales déposés par exemple par l’Inserm et le CNRS doivent être mieux valorisés, par des expériences pré-cliniques et toxicologiques sur des cellules et des phases cliniques I, II, III pour un jour être des solutions pour les patients du monde entier”, Philippe Lopes-Fernandes, Executive Vice President et Chief Business Officer chez Ipsen.
La valorisation de l’innovation issue des centres de recherche et des universités publiques leur est bénéfique puisqu’une fois le produit commercialisé, ils touchent des redevances. Quand on sait qu’il faut entre 1 et 2 milliards d’euros pour développer un candidat-médicament, le rôle des fonds privés est capital pour les différentes étapes du développement. “Il faut une approche bien structurée pour mettre les efforts au bon endroit et dans la bonne direction. C’est complexe d’où le besoin d’interactions avec des acteurs comme Ipsen, en accès direct avec les patients”, affirme Philippe Lopes-Fernandes.
Ipsen et BioLabs collaborent ensemble depuis 2018 déjà, notamment à Cambridge (Massachusetts, Etats-Unis), où un incubateur commun a été créé. Plus de 60 sociétés y ont été accueillies à ce jour. Il a depuis été transféré dans la banlieue de Boston, à Watertown.
BioLabs est un réseau américain de laboratoires implanté dans des clusters d’innovation biotechnologique. Il offre à ses membres adhérents des infrastructures et espaces de travail partagés aménagés avec soin et entièrement équipés, sur plusieurs sites aux Etats-Unis et de plus en plus à l’étranger.
BioLabs a postulé à l’appel d’offres de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP), dans le cadre de la rénovation, de la transformation et de l’optimisation d’une partie des locaux de l’Hôpital Hôtel-Dieu, en plein centre de Paris. Le réseau américain a proposé à Ipsen de le rejoindre dans ce projet innovant.
Un accord de partenariat (funding sponsor) a donc été signé en octobre 2022. La collaboration va s’étendre sur 5 ans minimum. La proximité d’Hôtel Dieu avec l’AP-HP est un avantage indéniable. Cette consanguinité avec des services de soins performants et les patients pourraient par exemple faciliter les études cliniques, à l’instar de ce qui se fait aux Etats-Unis. “C’est aussi cela le secret de Boston : combiner la présence de biotechs et d’établissements hospitaliers de pointe avec la recherche universitaire, Harvard notamment”, estime Philippe Lopes-Fernandes. Ce qui fait de l’initiative de BioLabs un projet unique en Europe.
Pour Ipsen, la participation à cet incubateur s’inscrit dans une stratégie d’accompagnement des biotechs innovantes amorcée depuis deux ans, à l’arrivée du nouveau CEO, David Loew.
La dynamique actuelle portée par le groupe vise à créer un portefeuille de produits innovants à plusieurs stades de développement, pour valoriser l’innovation bien avant la mise sur le marché. 21 projets ont ainsi été soutenus en 18 mois. Ce pipeline est constitué de produits encore en recherche jusqu’à des solutions déjà sur le marché, dans les trois aires thérapeutiques sur lesquelles se focalise Ipsen : l’oncologie, les maladies rares et les neurosciences.
L’entreprise a dédié 3,5 milliards d’euros à la création de ce portefeuille de produits d’ici 2024, soit plus que le montant de ses ventes en 2021 (2,6 milliards d’euros). Elle a par exemple pris 8% du capital de Genfit en 2021, soit un investissement initial de 120 millions d’euros pour obtenir les droits de leur programme en phase III sur les maladies rares.
Fondé en 1929, le groupe pharmaceutique commercialise une vingtaine de médicaments dans 115 pays et emploie plus de 5000 salariés dans le monde. Il réalise 30% de ses ventes en Amérique du nord, un tiers dans les principaux pays de l’Europe occidentale, le reste en Europe de l’Est, en Asie et en Amérique latine.