Chaque année, les acteurs français et internationaux de la santé attendent avec impatience les résultats du Panorama France Healthtech de France Biotech. Ce baromètre de l’écosystème santé français dégage les enjeux, forces et difficultés du secteur. Etaient invitées à répondre les biotechs, medtechs, startups d’e-santé et CRO (Contract Research Organization), ayant leur siège dans l’Hexagone et consacrant au moins 15% de leurs dépenses à la R&D. Pour s’adapter à la maturité croissance des entreprises de la healthtech, l’étude prend désormais en compte les PME comptant jusqu’à 500 employés, contre 250 auparavant.
Le panorama a été réalisé en partenariat avec Bpifrance, la banque publique d’investissement, Citeline, fournisseur de solutions de business intelligence et d’analyse de données, Euronext, première bourse paneuropéenne, et EY, leader mondial de l’audit, du conseil, de la fiscalité et du droit, des transactions, avec le soutien de CRF Assurances, spécialiste des risques encourus par les entreprises de santé.
454 entreprises ont répondu à l’enquête entre le 27 octobre et le 7 décembre 2022, un chiffre record. « Cela nous permet d’avoir une étude la plus représentative et exhaustive possible », se réjouit Chloé Evans, Adjointe au Directeur Général et Responsable des études sectorielles et des relations internationales au sein de France Biotech.
Aujourd’hui, la filière HealthTech française compte environ 2600 entreprises dont 800 biotech, 1440 medtech et 400 sociétés de numérique en santé et Intelligence Artificielle. L’écosystème génère 50 000 emplois directs et indirects sur le territoire et développe plus de 4 000 innovations.
Cinq préoccupations prioritaires émergent. En plus de l’évidente question du financement et des levées de fonds, ces entreprises s’inquiètent de leur réussite en R&D et au niveau clinique, du développement de partenariats industriels, des contraintes réglementaires et en cinquième position, du recrutement. « Plus de la moitié des entrepreneurs rencontrent d’importantes difficultés pour trouver les profils dont ils ont besoin, en particulier en informatique, bio-informatique, production, affaires réglementaires et assurance qualité, etc. », précise Chloé Evans. Les entreprises ayant répondu prévoient pourtant plus de 2 200 recrutements…
« Cette 20ème édition du Panorama témoigne de la forte dynamique entrepreneuriale de la filière HealthTech et illustre le long chemin parcouru depuis 20 ans. Aujourd’hui, nous sommes dans un contexte macro-économique incertain et nous devons répondre collectivement à différents enjeux pour renforcer l’attractivité de la France : réintroduire de la politique industrielle dans l’innovation en santé sur le territoire, accélérer les parcours de développement des innovations, repenser la prise en charge par le système de santé pour apporter le plus rapidement possible ces solutions aux patients et aux professionnels. Le déploiement de France 2030 est une opportunité que nous devons saisir ensemble pour répondre à ces ambitions », Franck Mouthon, président de France Biotech.
Autre enseignement de ce panorama 2022 très positif : les Frenchies s’installent de plus en plus à l’étranger. Un quart des sondés ont une filiale à l’étranger. Ces sociétés développent en moyenne 3 produits et ont 10,5 ans d’ancienneté. Bien que 56% demeurent des TPE (Très petites entreprises), elles comptent en moyenne 32 collaborateurs (+28% par rapport à 2021) et 28 d’entre elles comptent plus de 100 salariés.
La France tire son épingle du jeu malgré un contexte de marché tendu, après deux années exceptionnelles. Aux Etats-Unis et en Europe, les financements dans le secteur de la santé atteignent 30 milliards d’euros en 2022 contre 55 milliards d’euros en 2021, soit une chute de 47%. La France est plutôt préservée pour l’instant. Avec 2,6 milliards d’euros levés en 2022 contre 2,3 en 2021, elle se classe numéro 1 en Europe en termes de levées de fonds. « C’est un signal important envoyé au marché qui montre que les sociétés françaises sont attractives, qu’elles ont des plans de développement et des pipelines solides », analyse Chloé Evans. Les financements sont légèrement plus élevés que l’année précédente, mais concernent cependant moins de sociétés. « Les investisseurs sont plus sélectifset soutiennent des sociétés plus matures, pour des montants plus importants et davantage dans des tours B et C. Ils prennent moins de risques, quitte à réinvestir dans les mêmes sociétés. »
Plusieurs levées de fonds records se sont ainsi démarquées. Padoa a récolté 80 millions d’euros en février 2022 pour perfectionner son logiciel de prévention-santé au travail. La plateforme de prise de rendez-vous médicaux Doctolib a levé 500 millions d’euros en mars 2022. Et en juin, la start-up ImCheck Therapeutics a réuni 96 millions d’euros pour poursuivre les essais cliniques de son anticorps ICT01 visant à traiter le cancer. Du côté des opérations boursières, eureKING a été introduite à hauteur de 150 millions d’euros.
Toujours portées par une croissance soutenue, les sociétés du numérique en santé présentent des business modèles très diversifiés. Les domaines de la télémédecine et de la télésurveillance arrivent en tête, suivi du diagnostic digital. Elles ciblent en priorité les établissements hospitaliers et visent le remboursement de leurs solutions ou dispositifs médicaux digitaux par le système de santé publique. 75% d’entre elles sont en phase de commercialisation.
Quant aux partenariats biopharmaceutiques en Europe, la France se classe 4e, derrière le Royaume-Uni, l’Allemagne et la Suisse.
L’Etat français a soutenu la Healthtech comme jamais en 2022. Bpifrance a débloqué 535 millions d’euros d’aides (contre 300 millions en 2021, hors programme Covid-19) et 460 millions d’euros en investissements. Dans le cadre du plan de relance France 2030, 215 millions d’euros ont été attribués à des projets innovants dans quatre filières stratégiques : biothérapies et bioproduction, santé numérique, maladies infectieuses émergentes et risques NRBC (nucléaire, radiologique, biologique et chimique), et dispositifs médicaux.
La Healthtech française est en croissance grâce à la création constante de nouvelles startups dynamiques et très diversifiées, « chacune apportant sa pierre à l’édifice pour une prise en charge totale et de qualité des patients, depuis les actions de prévention et de diagnostic jusqu’aux thérapies et au suivi », conclue Chloé Evans.