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France 2030

Plan Innovation santé 2030 : 7,5 milliards d'euros pour que la France redevienne le leader de la santé en Europe

Depuis l'annonce du plan le 29 juin 2021, Emmanuel Macron et son gouvernement ont détaillé plusieurs mesures visant à faire de la France la première nation européenne innovante et souveraine en santé.

16 Jun 2022

Le Plan Innovation Santé est doté d’un budget de 7,5 millards d’euros. Il fait partie d’un vaste plan de relance de l’économie française, France 2030, d’une enveloppe totale de 54 milliards d’euros sur près de dix ans, qui vise à « transformer des secteurs clés de l’économie », selon Emmanuel Macron, de l’énergie à l’aérospatial, en passant bien évidemment par les industries de la santé. En janvier 2022, Bruno Bonnell est devenu le chef d’orchestre de ce plan, en étant nommé au poste de secrétaire général à l’investissement. Cet entrepreneur et homme politique français est le cofondateur de la société Infogrames et l’ex-président des sociétés Infogrames et Atari. 

L’ambition affichée par le Président de la République française est de remettre la France sur la première marche du podium de l’innovation en santé en Europe, avec un focus particulier sur les biothérapies, la santé numérique, les maladies infectieuses émergentes et les technologies médicales. L’idée est de favoriser les innovations de rupture en recherche biomédicale, medtech et e-santé, en facilitant la croissance des startups prometteuses de ces secteurs, en formant les talents de demain, ou encore en simplifiant les procédures administratives pour encourager la recherche clinique sur le territoire hexagonal, pour “une médecine plus prédictive, plus préventive, plus innovante”.

“La révolution médicale se fera grâce à la convergence des innovations de rupture en santé mais aussi la convergence du quantique, de l’intelligence artificielle et de tout ce qui nous permet, avec l’internet des objets, de faire converger des familles technologiques qui étaient jusqu’alors séparées”, Emmanuel Macron, Président de la République française.

Concrètement, ces 7,5 milliards d’euros sont répartis comme suit :

– 1 milliard d’euros pour le soutien transversal à la recherche : clusters, recherche translationnelle, attirer des scientifiques de haut niveau, infrastructures de R&D.

– 500 millions d’euros alloués au soutien transversal à la maturation des technologies et aux essais cliniques.

– 2,4 milliards d’euros pour les stratégies d’accélération pour les biothérapies, la santé numérique, les maladies infectieuses émergentes, risques NRBC (Nucléaires, Radiologiques, Biologiques, Chimiques) et les technologies médicales.

– 1,5 milliard pour soutenir les investissements industriels par le biais d’appels à projets nationaux et d’un PIEEC (projet important d’intérêt européen commun) pour mieux accompagner le développement des innovations en santé.

– 2,1 milliards pour soutenir l’émergence, la croissance et l’industrialisation des startup de la santé par bpifrance (la banque publique d’investissement française).

– Accélérer l’accès au marché, assurer une croissance durable du marché et rationaliser la réglementation des prix des médicaments et des dispositifs médicaux (ambition d’une augmentation de 2,4 % des dépenses en produits de soins de santé dans l’Objectif national de dépenses d’assurance maladie).

Un comité de suivi

Annoncé par le Premier ministre Jean Castex lors de l’inauguration de PariSanté Campus le 14 décembre 2021, un comité de suivi chargé de piloter le déploiement du plan et d’évaluer son impact a été créé. Il est présidé par Olivier Bogillot, président de Sanofi France et président du Comité stratégique de filière des industries et technologies de santé, et se compose également d’Agnès Audier, directrice associée au Boston Consulting Group, de Christine Clerici, présidente de l’Université de Paris, de Florence Favrel-Feuillade, directrice générale du CHRU de Brest, de Thomas Lombes, directeur général délégué de l’INSERM, de Franck Mouthon, président de France Biotech, et d’Eric Vibert, professeur de chirurgie à l’hôpital Paul Brousse.

Création d’une Agence de l’innovation en santé

Avec un lancement prévu en 2022, son rôle sera d’impulser une stratégie et des objectifs à court et long terme, avec tous les acteurs de la recherche et de l’innovation. Elle deviendra le guichet unique pour les porteurs d’innovation afin d’accélérer l’arrivée sur le marché de nouveaux produits. Elle accompagnera également les entreprises dont les projets seront jugés prioritaires pour la stratégie d’innovation nationale en santé et travaillera en étroite relation avec le Comité de suivi.

800 millions d’euros pour le développement et la production de biomédicaments

En octobre 2021, le Président Emmanuel Macron a fixé un objectif clair : « D’ici 2030 la France doit avoir au moins 20 biomédicaments contre les cancers, les maladies émergentes et les maladies chroniques, dont celles liées à l’âge. » Actuellement, 95 % des biothérapies utilisées en France sont importées. 800 millions d’euros vont donc être consacrés à changer la donne.

Dans le détail, 275 millions d’euros sont destinés à des grandes technologies d’avenir comme les anticorps monoclonaux, les CAR-T cells, ciblant par exemple les cellules malignes de certaines leucémies ou lymphomes, ou les innovations en thérapie génique. 280 millions d’euros sont dédiés à l’amélioration des procédés industriels, avec par exemple l’automatisation des chaînes de production. Enfin, entre 150 et 250 millions d’euros permettent de financer le déploiement de projets d’industrialisation en bioproduction. 

La France veut également attirer les talents de très haut niveau sur son territoire (investisseurs, chercheurs, entrepreneurs,…). Dans cette optique, Rafaèle Tordjman, Présidente du fonds d’investissement Jeito Capital, a été missionnée en juillet 2021 par l’Etat au titre d’ ”Envoyée spéciale innovation santé” pour assurer la promotion de l’écosystème santé français à l’étranger. 

Un fort accent est également mis sur la formation, avec l’émergence de nouveaux cursus spécialisés, comme par exemple le Campus Biotech Digital (https://immerscio.bio) porté par bioMérieux, Novasep, Sanofi et Servier en partenariat étroit avec Atos, IBM et Microsoft. Lancé en avril 2022, il dispense des formations couvrant toute la chaîne de bioproduction.

750 millions en soutien à la lutte contre les maladies infectieuses émergentes

Pour parer à de futures pandémies, le plan prévoit 750 millions d’euros pour « renforcer et instaurer une préparation systémique face aux risques de survenue d’une nouvelle crise sanitaire majeure ».

13 mesures ont donc été dévoilées début mars 2022 pour lutter contre les maladies infectieuses émergentes et les menaces NRBC (Nucléaires, Radiologiques, Biologiques, Chimiques). Parmi elles, deux programmes et équipements prioritaires de recherche porteront d’une part sur les outils de lutte et de détection contre les émergences zoonotiques et d’autre part sur l’accélération de l’acquisition de connaissances sur les mécanismes d’infection par les micro-organismes pathogènes et leur transmission de l’animal à l’homme. Le reste du budget dédié à cette thématique ira à des projets d’innovation, au développement des capacités de production et de gestion des stocks stratégiques et à la création de deux écoles universitaires de recherche dans le champ des maladies infectieuses émergentes. 

Soutenu par le gouvernement français, Sanofi a parallèlement annoncé en mars 2022 son projet d’investir sur cinq ans 935 millions d’euros pour doter la France d’une chaîne de valeur complète et autonome sur la technologie ARNm.

Que la France « crée les dispositifs médicaux de demain »

A l’occasion d’un déplacement sur le site de l’entreprise Balt, près de Paris, le 21 février 2022, la ministre déléguée chargée de l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher, a annoncé le déploiement de 400 millions d’euros pour renforcer la filière française des dispositifs médicaux. Cette enveloppe vise notamment à développer de nouvelles technologies liées à des dispositifs stratégiques (robots chirurgicaux, implants et prothèses, solutions numériques pour la santé mentale, dispositifs médicaux biocompatibles et connectés,…), à faciliter l’accès des établissements de santé aux dispositifs médicaux innovants, à soutenir des projets d’industrialisation et à réduire les délais d’accès au marché.

Fin février 2022, le guichet « Capacité Santé 2030 » a été ouvert. Cet appel à projets a pour vocation de soutenir les projets industriels dans les secteurs des biothérapies, de la lutte contre les maladies infectieuses émergentes et les menaces NRBC, et des dispositifs médicaux. Il sera doté d’une enveloppe de plus de 800 millions d’euros et ouvert jusqu’au 29 décembre 2022. 

650 millions pour booster la santé numérique

Cette enveloppe publique de 650 millions d’euros permettra par effet de levier de mobiliser 1,5 milliard d’euros provenant d’acteurs privés pour financer notamment une vaste campagne de formation ciblant tous les acteurs impliqués dans la santé numérique, de soutenir l’industrie française de l’imagerie (dont les entreprises étrangères ayant une présence industrielle et de recherche en France), de renforcer les équipements et les programmes de R&D hautement prioritaires et de développer 30 tiers lieux d’ici 2025 pour expérimenter de nouveaux usages et solutions. Cette stratégie s’appuie sur plusieurs partenaires, notamment le Health Data Hub, la plateforme publique d’accès aux données de santé des Français qui sert également d’intermédiaire aux porteurs de projets de recherche, et le PariSanté Campus, un cluster d’envergure mondiale lancé en décembre 2021, dédié à la santé numérique et à l’IA, réunissant recherche publique, universités, hôpitaux et entrepreneurs.

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