Patientèle étrangère
La France se positionne avec force sur le marché international des soins. Objectif stratégique : augmenter la venue des patients internationaux sur son territoire et contribuer ainsi au rayonnement de son système de santé. Fortement déstabilisé par la crise sanitaire du Covid-19, le marché retrouve progressivement sa pleine croissance.

Accueil de la patientèle internationale : la France affirme son ambition et structure sa filière
Le développement de l’accueil de la patientèle internationale est un enjeu majeur pour la France qui présente d’indéniables atouts : des équipes médicales classées parmi les meilleures du monde, une recherche clinique très dynamique et un accès à des infrastructures de pointe dans des établissements publics et privés. F
ormées au plus haut niveau, les équipes de médecins et chercheurs multiplient les premières mondiales dans de nombreux domaines, comme la lutte contre les cancers, les pathologies cardiaques et le traitement des maladies rares.
Dans le respect d’une approche universaliste des soins, les patients internationaux non-résidents bénéficient des mêmes conditions de prise en charge que celles des assurés sociaux, sans priorité d’admission ni traitement préférentiel, avec des devis préalablement établis. S’ils viennent se faire soigner en France, c’est majoritairement pour des maladies chroniques et des pathologies lourdes, et en première intention pour le traitement d’un cancer.
Les motivations du « travel for treatment » ? Une meilleure qualité des soins, l’accès à une offre de soins et des technologies spécifiques, des délais de prise en charge plus courts et des coûts plus faibles que dans d’autres pays, y compris pour les patients non-résidents ne disposant pas de couverture sociale (encadré 1).
Une éthique et un savoir-faire
En 2015, la publication (à la demande du gouvernement) du rapport de l’économiste de la santé Jean de Kervasdoué sur la valorisation de l’accueil des patients étrangers montrait que la France était attendue sur la scène internationale. Aujourd’hui, la filière se structure sous l’égide de French Healthcare Association, fondée en 2017 pour promouvoir l’excellence des offres de santé françaises à l’international.
Premier outil à disposition des patients étrangers : la brochure “Venir se soigner en France”. Créée par les membres de French Healthcare Association avec l’appui des fédérations hospitalières publique et privée, du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et d’Atout-France, elle présente en quatre langues l’excellence médicale française autour de huit spécialités et livre des informations sur les établissements proposant les services les plus adaptés à l’accueil des patients étrangers.
Autre initiative de French Healthcare Association, qui réalise de nombreuses actions sur ce sujet et est mandatée par le comité stratégique de filière (CSF), le site myfrenchhospital.com, enrichi en continu, décrit l’aspect administratif de la prise en charge et met à disposition les fiches des établissements de santé afin que le patient trouve l’établissement le plus adapté à son besoin.
Enfin, la signature en mai 2021 du label « French Hospital Quality » qui garantit une qualité de services pour les patients étrangers et l’élaboration d’une charte des sociétés de conciergerie médicale (encadré 2) complètent cette démarche de qualité de la filière. Deux premiers établissements ont été labellisés : l’Hôpital Saint-Joseph et l’Hôpital Américain de Paris, trois autres étant en cours d’obtention du label.
Le déploiement de l’activité d’accueil de la patientèle étrangère est en effet facilité par l’accompagnement des métiers liés à la conciergerie médicale et à l’hôtellerie, mais aussi par les allègements administratifs et une délivrance de visas accélérée (encadré 3).
L’impact de la crise sanitaire est bien visible. Fin 2021, ce marché mondial était ainsi estimé à près de 82 milliards de dollars, contre 105 milliards de dollars en 2019, selon une étude de French Healthcare. Alors que ces 15 dernières années, le nombre de patients se rendant à l’étranger pour recevoir des soins avait plus que triplé, la dynamique a été clairement freinée avec la pandémie (23 millions de patients en 2019 contre 17 millions en 2021).

Une offre d’une grande variété et des établissements de santé qui s’organisent : quelques exemples
Avec 3 089 sites en 2021 offrant 408 245 lits et 72 789 places, la France dispose d’une offre de soins particulièrement riche. Cette offre de soins nationale se compose d’établissements publics (45 %), d’établissements privés d’intérêt collectif (22 %) ou d’établissements privés à but lucratif (33 %) et propose une importante diversité tant dans leurs spécialités que dans les modalités de prise en charge.
Ce modèle français, envié par de nombreux pays et fondé sur les échanges entre médecins et chercheurs, attire les talents, avec des institutions de recherche publique de référence mondiale comme le CEA, le CNRS, l’Inserm et les Instituts hospitalo-universitaires.
La production des publications scientifiques est particulièrement dynamique en cancérologie (plus de 59 000 publications entre 2010 et 2019,), permettant des progrès considérables. En 40 ans, le pronostic de la leucémie aigüe lymphoblastique chez l’enfant a par exemple été transformé, passant de plus de 50 % de mortalité à moins de 5%. Les avancées scientifiques se traduisent en innovation thérapeutique, en synergie avec les universités, les organismes de recherche et l’industrie du médicament. Les hôpitaux et cliniques privés sont également aujourd’hui aussi pleinement associés et engagés dans la recherche appliquée à la santé et bénéficient d’un modèle de financements publics ambitieux pour les activités de recherche et d’innovation.
Note : Nous remercions Pierre Anhoury, directeur des relations internationales à l’Institut Curie, Florence Veber, directrice des relations internationales à l’AP-HP, Olivier Bosc, vice-président de l’Hôpital Américain de Paris, en charge du développement, Loïck Menvielle, professeur associé de marketing à l’EDHEC Business School, Emile Jockey, chargé de l’offre de soins, à la Direction de la diplomatie économique, au ministère des Affaires étrangères, Jean-François Gendron, ancien président de French Healthcare Association, Johanna Lerfel, déléguée générale de French Healthcare Association et l’ensemble des membres de l’association pour leur expertise et leur partage d’expérience.
Encadré 1
Des coûts de soins compétitifs
Le prix des traitements en France est quatre fois inférieur à celui des Etats-Unis pour une qualité comparable.
Source : France Stratégie, 2015
Encadré 2
Un label et une charte pour développer et réguler l’activité
Le Label « French Hospital Quality », destiné aux établissements de santé membres de French Healthcare Association prenant en charge des patients étrangers, est mis en œuvre en partenariat avec l’Afnor. Ce label, créé en 2021, garantit une qualité de services pour les patients étrangers, dans le respect de dix critères de qualité qui portent sur ces thématiques :
- Équipe dédiée à l’accueil des patients internationaux
- Espace internet dédié
- Modalités d’instruction de la demande d’un patient international
- Précision et transparence du devis
- Accueil dédié à l’arrivée du patient
- Services mis à disposition des patients pendant le séjour
- Communication avec le patient et traduction des informations médicales
- Organisation de la sortie du patient et compte-rendu
- Traitement des plaintes et réclamations
- Questionnaire de satisfaction
Une charte de bonnes pratiques a été signée par neuf sociétés de conciergerie médicale ( membres de French Healthcare) qui contribuent à l’organisation des déplacements des patients internationaux. Orientation rapide des patients, aide à la constitution des dossiers, transparence des coûts et prestations, contrats clairs, confidentialité et éthique sont les grands éléments de cette charte.
Encadré 3
Un visa de court séjour pour raison de santé
L’entrée sur le territoire français pour y recevoir des soins doit se faire avec un visa demandé à cette intention auprès du consulat de France compétent dans le pays de résidence du demandeur. Le visa n’est pas nécessaire pour les ressortissants de l’Union européenne et de certains pays (Etats-Unis et Émirats arabes unis par exemple), si la visite n’excède pas 90 jours sur une période de 180 jours. La réponse à une demande de visa intervient généralement dans un délai de 2 à 10 jours. En cas d’urgence médicale avérée, le consulat de France peut mettre en place une procédure accélérée. Dans tous les cas, l’obtention d’un visa ne dispense pas de l’obligation de contracter une assurance privée couvrant ses éventuelles dépenses médicales et hospitalières.