“Brenus donne un coup d’avance au système immunitaire sur le cancer !”, résume, enthousiaste, Paul Bravetti, Directeur général de Brenus Pharma. C’est en effet la raison d’être du projet « STC-1010 : A First-in-Class Allogeneic Cell Vaccine Against Cancer », coordonné par
Brenus, en collaboration avec InSphero, officiellement lancé le 1er novembre 2022 pour une durée de 36 mois.
Aujourd’hui, “90% patients traités pour des tumeurs solides vont rechuter sous traitement”, constate Paul Bravetti. Malgré l’évolution des thérapies ciblées, les résistances aux traitements (radiothérapie ou chimiothérapie) représentent un fort besoin non-couvert. Les cellules tumorales peuvent se modifier rapidement en changeant les cibles à leur surface et échapper au système immunitaire, en se cachant de ce dernier. “A l’instar d’un vaccin, nous éduquons le système immunitaire à anticiper les mécanismes de résistance de la cellule tumorale.”
Le processus consiste à mimer ce qu’il se passe chez le patient lorsqu’il reçoit le traitement. Des cellules cancéreuses sont sélectionnées selon l’indication et leur capacité à devenir résistantes, elles sont soumises en laboratoire à un protocole de chimiothérapie/ radiothérapie pour devenir alors résistantes, comme chez un patient en rechute. Les protéines surexprimées qui agissent comme des marqueurs de résistance sont ensuite rendues saines pour éviter qu’elles ne prolifèrent, et injectées chez le patient comme un vaccin, comme des antigènes, pour y initier une réponse immunitaire stable, qui détruira les cellules résistantes ou en devenir.
“Brenus développe une nouvelle classe d’immunothérapies pour être au cœur de la réponse immunitaire. Notre collaboration avec InSphero nous permet de bénéficier de leurs modèles 3D capables de reproduire plus fidèlement en laboratoire des situations cliniques et donc d’anticiper l’activité de nouveaux traitements, avant même l’injection chez le patient. Nous pourrions ainsi traiter efficacement des populations de malades actuellement traités par chimiothérapie, sans résultat parce qu’ils ne répondent pas aux immunothérapies”, Paul Bravetti, Directeur général de Brenus Pharma.
Tous les essais pré-cliniques sont terminés. Brenus est aujourd’hui capable de produire à grande échelle le traitement pour les essais cliniques de phases 1 et 2 sur le cancer colorectal qui démarreront début 2024, en France, en Belgique et aux Etats-Unis. Le cancer colorectal est le troisième cancer le plus fréquent au monde, avec un taux de survie à 5 ans de seulement 12%. 95% des personnes atteintes sont soignées par chimiothérapie en première ligne de traitement, mais les tumeurs froides ne sont pas sensibles aux immunothérapies. “Notre démarche vise également à resensibiliser ces tumeurs froides pour les transformer en tumeurs chaudes, sensibles aux immunothérapies”, pointe Paul Bravetti.
Le projet s’appuie sur la plateforme ouverte STC conçue par Brenus. En changeant les stress et les cellules tumorales, il est possible de l’utiliser à d’autres fins thérapeutiques que le cancer colorectal. Le procédé est standardisé depuis 2014, pour être capable d’intégrer de nouveaux éléments pour un traitement différent. La biotech est d’ailleurs en train de cibler une autre pathologie, le cancer de l’ovaire.
Cette collaboration avec InSphero répond à un appel à projets d’Eurostars. “Ce financement de 1,2 millions d’euros est important parce qu’il est non-dilutif. Il va permettre aux deux sociétés de développer de l’innovation transverse”, se réjouit le Directeur général de Brenus Pharma.
Eurostars fait partie du programme Horizon Europe qui soutient les PME innovantes et les partenaires de projet (universités, organismes de recherche et autres types d’organisations) en finançant des projets internationaux de collaboration en matière de R&D et d’innovation. Eurostars est géré par EUREKA, un réseau intergouvernemental qui regroupe 37 pays.
Brenus a rapidement repéré la société suisse InSphero pour son expertise dans les organes sur puce et les modèles 3D. Elle développe des mini-organes capables de reproduire en laboratoire plus fidèlement des situations cliniques et par conséquent d’anticiper l’effet d’un traitement sur ces modèles avant l’homme.
Cette caractéristique a particulièrement plu à la FDA lors de la présentation de la plateforme et des modèles pré-cliniques. Depuis le Modernization Act 2.0, l’autorité américaine recommande de limiter les essais chez les animaux et d’améliorer l’extrapolation à l’humain.
Brenus opère par ailleurs depuis le début de l’année une levée de fonds de série A. L’objectif est de réunir 30 millions d’euros d’ici l’été 2023.