Ces 14,3 millions d’euros qui seront injectés par l’unique actionnaire d’Advanced BioDesign arrivent à point nommé, alors que la biotech a entamé une phase cruciale dans le développement de son traitement contre la leucémie aiguë myéloïde (LAM), l’une des leucémies les plus fréquentes et les plus sévères chez les adultes de plus de 60 ans avec une survie à 5 ans ne dépassant pas 20%. “Cet investissement arrive à un moment clef où nos besoins financiers sont plus importants du fait du lancement de notre essai clinique d’envergure”, explique Ismail Ceylan, CEO d’Advanced BioDesign. Il y a deux mois, les premiers patients de l’étude clinique ODYSSEY ont en effet été recrutés, à l’Assistance Publique – Hôpitaux de Marseille, aux Hospices Civils de Lyon et à l’Hôpital Saint-Louis à Paris.
Cette augmentation substantielle de capital, qui sera versée par tranches successives, va permettre à Advanced BioDesign de poursuivre un essai clinique multicentrique qui a pour but d’évaluer la sécurité, la tolérance, la pharmacocinétique et la pharmacodynamie de son candidat-médicament ABD-3001 administré en monothérapie chez des patients réfractaires ou en rechute aux traitements de référence, pour lesquels les options thérapeutiques sont limitées et le pronostic défavorable. En parallèle, ces fonds permettront de préparer l’essai clinique de phase II pour ABD-3001.
L’étude ODYSSEY est organisée en suivant un design adaptatif, intégrant une première partie à dose unique ascendante, d’une durée de 12 mois sur 6 cohortes de patients suivie d’une seconde, d’une durée équivalente, où 3 cohortes de patients recevront un cycle de traitement complet de quatre semaines. Au total, entre 30 et 70 patients seront recrutés à Paris, Lyon et Marseille.
L’administration de la première dose du candidat médicament ABD-3001est terminée et s’est bien déroulée. La deuxième dose devrait avoir lieu sous peu, après validation par un comité de surveillance et de suivi.
Le DIMATE (ABD-3001), est un inhibiteur suicide first-in-class des aldéhydes déshydrogénases 1&3 (ALDH1&3). Il cible et inhibe l’ALDH1A1, l’enzyme de détoxification présent dans les cellules leucémiques de patients atteint de la LAM. Cet enzyme leur permet de survivre aux inévitables troubles métaboliques qui surviennent au cours du processus cancéreux et qui se traduisent souvent par la production de molécules très toxiques pour les cellules. En stoppant le processus de détoxification, le DIMATE empoisonne et tue les cellules cancéreuses, sans nuire aux cellules saines.
Le DIMATE détruit également les cellules souches cancéreuses, très résistantes aux effets cytotoxiques des médicaments anticancéreux actuels. Cette résistance semble être la principale cause des rechutes régulières du cancer.
“Le démarrage de notre étude first-in-human ODYSSEY et notre feuille de route très ambitieuse pour les prochaines années sont autant de bonnes raisons de nous réjouir de cet apport de capital de la part de Xerys Invest. (…) Fin 2024/début 2025, nous aurons assez d’éléments sur l’effet du DIMATE pour déterminer la dose maximum tolérée, les biomarqueurs d’activité biologique, la fréquence d’administration hebdomadaire et la durée du cycle, pour démarrer une phase II où nous observerons cette fois-ci l’efficacité du traitement”, Ismail Ceylan, CEO d’Advanced BioDesign.
S’il est validé, l’ABD-3001 sera indiqué chez les patients qui sont réfractaires aux traitements standards ou en rechute après traitement, en combinaison avec un protocole de chimiothérapie ou de radiothérapie. Ces associations pourraient entraîner une synergie importante pour traiter des cancers résistants.
A terme, la biotech compte élargir ses recherches à d’autres formes de cancer résistants, en fonction des besoins non-satisfaits les plus importants.
Xerys Invest soutient Advanced BioDesign depuis 2013. Ces 14,3 millions d’euros s’ajoutent aux 22 millions d’euros déjà levés auprès de la société de capital investissement. Une nouvelle levée de fonds sera nécessaire d’ici la fin de l’année/début 2024, avec éventuellement l’entrée d’autres investisseurs à son capital, notamment des fonds de sociétés pharmaceutiques.