Âgée alors de moins de six mois, Admir a voulu être présente dès l’édition 2023 du CES de Las Vegas en janvier cette année. La maquette de son système d’imagerie n’a pas manqué d’attirer l’attention des médias, des industriels, des professionnels de la médecine et de potentiels investisseurs. C’était le but.
“Ces dernières années, le nombre de cancers augmente et le nombre de tests par cas de cancer aussi, avec en face des systèmes de santé en mauvais état et des effectifs de médecins pathologistes et biologistes en baisse, explique Laurent Duraffourg, PDG d’Admir. Cela créé un gros déséquilibre entre la demande et l’offre, donc le flux d’analyses est engorgé.”
La technologie spectroscopique infrarouge utilisée par Admir s’inspire du télescope James Web dans le secteur spatial. A la différence que celui-ci observe des éléments énormes et très lointains pour déterminer leur contenu chimique, tandis que le microscope d’Admir analyse des éléments biologiques très petits et très près.
“La communauté scientifique a aujourd’hui besoin d’autres types d’analyses des tumeurs, plus rapides et plus fiables. Le taux d’erreur moyen, à partir de l’observation d’une lame colorée de biopsie, est de l’ordre de 30 %, même pour d’excellents médecins. Ils multiplient donc le nombre de lames et utilisent des biomarqueurs pour affiner leur diagnostic. Grâce à notre microscope fondé sur une technologie spectroscopique infrarouge, nous apportons avec une seule lame un taux de confiance de 93 à 95%, ce qui entraîne un gain de temps énorme”, Laurent Duraffourg, PDG d’Admir.
Appliqué à l’oncologie, cette innovation “permet d’identifier des cellules cancéreuses parmi des cellules saines et de connaître des zones pré-tumorales, explique Laurent Duraffourg. Nous pouvons également identifier le grade, le niveau de dangerosité et le type de cancer.”
La lumière du microscope agit comme une sonde. L’analyse de l’échantillon ne se fonde plus sur des biomarqueurs chimiques, ce qui simplifie et raccourcit le processus. Sans remplacer l’humain, un algorithme de machine learning fournit des pistes d’interprétation au médecin. Tandis qu’il faut aujourd’hui attendre deux à trois semaines pour avoir une analyse complète d’une tumeur, cette solution pourrait réduire ce délai à une heure.
La startup a été fondée dans les Alpes françaises, en septembre 2022, par des chercheurs du CEA (Commissariat à l’énergie atomique), où elle est désormais incubée.
Un premier partenariat a été noué avec l’Hôpital Léon Bérard de Lyon ; d’autres collaborations suivront dans les prochains mois. D’ici la fin de l’année 2023, une demi-douzaine de prototypes devraient être envoyés à des laboratoires pour qu’ils les testent. Admir espère commercialiser courant 2025 un appareil approuvé pour la recherche médicale.