La résistance aux antimicrobiens est devenue ces dernières années l’un des axes de recherche majeurs sur les maladies infectieuses, en particulier au sein de l’Institut Pasteur. Dans cette optique, des scientifiques de l’Institut ont co-écrit, avec cinquante-quatre auteurs issus d’une quarantaine d’institutions scientifiques différentes, une publication « feuille de route », parue dans la revue Nature Reviews Chemistry.
Cet article d’opinion dresse l’état de la situation et propose un programme de recherche pour faire face à cette menace, autour de l’IRAADD, l’International Research Alliance for Antibiotic Discovery and Development, dont l’Institut Pasteur fait partie.
“Les bactéries deviennent de plus en plus résistantes aux antibiotiques et les antibiotiques sont par conséquent de plus en plus “forts”, ce qui impacte les bonnes bactéries de la flore intestinale et du tube digestif… Ce problème qui se propage mondialement est une sorte de pandémie des bactéries multi-résistantes”, explique Philippe Glaser, Responsable de l’Unité Ecologie et évolution de la résistance aux antibiotiques à l’Institut Pasteur.
La lutte contre la multi-résistance des bactéries passe par un meilleur diagnostic initial pour choisir le meilleur antibiotique voir éviter d’y recourir , une diminution générale de la consommation d’antibiotiques, et une meilleure hygiène mais ce n’est pas suffisant.
“Développer de nouvelles molécules capables de lutter contre les bactéries multi-résistantes représente un défi pour la recherche. Il faut inciter les laboratoires publics et industriels à trouver de nouveaux antibiotiques sachant que actuellement le retour sur investissement n’est pas assuré”, Philippe Glaser, Responsable de l’Unité Ecologie et évolution de la résistance aux antibiotiques à l’Institut Pasteur.
L’IRAADD propose un plan de recherche afin de découvrir et de développer de nouvelles molécules. La publication appelle de ses vœux un développement des sciences translationnelles, qui font le lien entre recherche fondamentale et applications industrielles. Les coauteurs prônent des discussions au niveau international.
Ce réseau international n’a pas vocation à durer mais à produire des réflexions et des articles d’opinion, dans l’espoir que des partenariats public/ privé se concrétisent pour développer de nouveaux antibiotiques. Une conférence devrait être prochainement organisée à l’Institut Pasteur.