Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), près de 30 000 personnes sont victimes chaque jour de brûlures nécessitant des soins médicaux, soit 11 millions par an dans le monde.
Pour affronter ce problème de santé publique mondiale, une collaboration inédite et particulièrement innovante débute entre l’Institut de Recherche Biomédicale des Armées, la société CTIBiotech, l’École Polytechnique et l’Institut Pasteur. Ensemble, ils espèrent résoudre une problématique complexe pour ces victimes de brûlures sévères : la surinfection de leurs plaies avec staphylocoques dorés, qui se double souvent d’une résistance aux antibiotiques.
L’Institut de Recherche Biomédicale des Armées est spécialisé dans le suivi et le traitement des grands brûlés de guerre mais aussi des civils. L’Ecole Polytechnique a quant à elle mis au point une première mondiale, une technologie à base de plasma froid, innovante, non-invasive, indolore et non-thermique qui consiste à énergiser un gaz avec un courant électrique provoquant la formation d’azote et d’espèces réactives de l’oxygène avec des propriétés pro-cicatrisantes, réparatrices, bactéricides. L’Institut Pasteur est un expert évident en recherche sur les bactéries, notamment celles qui infectent les plaies des grands brûlés, et enfin, CTIBiotech est l’auteur d’une autre première mondiale, CTISkin™, des peaux humaines immunisées produites par bioimpression 3D.
“Les tests sur peaux bio-imprimées permettent d’appliquer différentes doses de traitement grâce à la thérapie à base de plasma froid, ce qui produit des données humaines plus prédictives, avant la phase clinique”, Dr Nico Forraz, cofondateur de CTIBiotech avec le Professeur Colin McGuckin.
Depuis 2009, l’entreprise lyonnaise se concentre sur l’assemblage de cellules humaines en 3D pour créer des modèles prédictifs utiles à la recherche médicale, pharmaceutique ou cosmétique. Des tissus issus des chirurgies de patients, parfois atteints de cancers sont récupérés pour la recherche scientifique, avec leur consentement. Toutes les cellules composant ces peaux sont séparées et triées. A partir d’un échantillon d’1cm² contenant par exemple 1 million de chaque type cellulaire, sont obtenus des dizaines de milliards de cellules de peau, après une culture en laboratoire. CTIBiotech a ensuite recours à la bioimpression en 3D pour imprimer des peaux complètes, avec la possibilité de rajouter d’autres types de cellules, notamment immunitaires, sur le nouveau segment de peau produit. “Cette technologie d’impression 3D permet de démultiplier les tests d’approches thérapeutiques, par exemple pour les brûlés”, précise le Dr Nico Forraz. Des lésions artificielles surinfectées avec une bactérie résistante aux antibiotiques sont en effet réalisées sur les peaux bio-imprimées et traitées avec le dispositif médical au plasma froid.
Ce programme va se dérouler pendant trois ans. Le consortium espère entrer en essai clinique fin 2023.