La coopération entre la France et les pays d’Afrique de l’ouest en matière de santé s’inscrit dans le temps. Elle monte encore d’un cran avec le lancement de PRISME-RDC (République démocratique du Congo) et PRISME-CI (Côte d’Ivoire).
En Côte d’Ivoire, le programme PAC-CI a été lancé dès 1996, pour mener des projets communs de recherche sur le VIH. Il a évolué au fil du temps, en ayant toujours pour mission de former du personnel à la recherche médicale et mettre en œuvre des recherches sur les maladies infectieuses, utiles pour les populations affectées. Le 24 janvier 2023, PAC-CI est devenu PRISME-CI (Plateforme de Recherche Internationale en Santé Mondiale – Côte d’Ivoire). L’Université de Bordeaux, l’IRD (Institut de recherche pour le développement) et l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) s’engagent avec l’ANRS | Maladies infectieuses émergentes.
La RDC et la France ont commencé à collaborer ensemble sur l’origine du VIH dès les années 2000, puis sur les épidémies d’Ebola successives depuis 2018. Les deux pays ont aussi mené des projets de recherche conjoints sur la Covid-19 et Mpox. Le 4 mars 2023, à Kinshasa, la nouvelle plateforme de recherche internationale en santé mondiale (PRISME RDC) a été inaugurée, en présence du président de la République française, alors en déplacement dans le pays.
A cette occasion, Emmanuel Macron a échangé avec les équipes de recherche de l’Institut National de la Recherche Biomédicale (INRB), pilier du programme, aux côtés de l’ANRS, l’IRD, l’Inserm, l’Université de Montpellier, l’Université de Kinshasa, les autorités sanitaires congolaises (Ministère de la Santé publique), ainsi que l’Ambassade de France en RDC.
En mai 2022, une plateforme de recherche internationale PRISME a également été lancée en Guinée.
Les plateformes seront ouvertes à tous ceux qui veulent proposer des projets, discutés dans un espace de gouvernance. L’ANRS, en plus d’être l’initiatrice, soutient financièrement et techniquement les partenaires de ces trois pays. « Les plateformes PRISME sont des espaces communs pour rassembler les chercheurs de chaque pays et faire émerger des projets ambitieux qui répondent à des questions de santé nationale et mondiale », explique Eric d’Ortenzio, responsable du département Stratégie et Partenariats de l’ANRS.
A chaque fois, les ministères de la santé sont parties prenantes, notamment sur le plan financier (les ministères de l’Enseignement supérieur et de l’Economie se sont également engagés en Côte d’Ivoire).
« Avec PRISME, nous fédérons les acteurs français de la santé présents en Côté d’Ivoire et en République démocratique du Congo et leur donnons plus de visibilité. PRISME est un cadre de recherche mutualisé pour définir ensemble des priorités de recherche sur des grands enjeux de santé mondiale, acquérir des connaissances et former des jeunes chercheurs et scientifiques », Eric d’Ortenzio, responsable du département Stratégie et Partenariats au sein de l’ANRS | Maladies infectieuses émergentes.
Cette transition implique une montée en puissance des collaborations franco-africaines. « Alors que PAC-CI se consacrait principalement au VIH et aux hépatites, avec Prisme, nous allons élargir les champs de coopération à d’autres pathologies et thématiques, liées à la santé mais aussi à l’environnement, à l’économie ou à la sociologie », se réjouit Thérèse N’Dri Yoman, coordinatrice du programme PAC-CI.
La formation constitue l’un des volets les plus essentiels de ces partenariats, de part et d’autre. Les chercheurs auront la possibilité de bénéficier de mises à niveau et des étudiants seront encadrés en ligne ou en présentiel (diplômes universitaires, masters, doctorats). « Les échanges auront lieu dans les deux sens. C’est un mouvement bilatéral et cela est très important, précise Eric d’Ortenzio.Beaucoup d’étudiants bordelais viennent par exemple se former en Côte d’Ivoire.”
Une quinzaine de projets devrait être déposés sur la plateforme côté ivoirien, sur des thématiques aussi vastes que la tuberculose ou la Covid-19.
« La plateforme PRISME est capitale pour la recherche médicale et scientifique en Côte d’Ivoire. Nous bénéficions des acquis du programme antérieur PAC-CI, avec cette fois-ci la participation de davantage d’acteurs, l’lRD (Institut de recherche pour le développement) et l’Inserm mais aussi trois ministères ivoiriens (ministère de la Santé, du ministère de l’Enseignement supérieur, du ministère de l’Economie). Cela nous apporte une réelle assise internationale. Nous allons continuer à fournir une formation de qualité aux chercheurs et aux étudiants, avec un élargissement à des thématiques comme l’environnement, l’économie ou encore les sciences sociales », Thérèse N’Dri Yoman, coordinatrice du programme PAC-CI.
Ces accords ne font que renforcer ce qui a été initié depuis déjà longtemps en matière de recherche sur les maladies infectieuses. Ce renforcement va déboucher sur une recherche encore plus multidisciplinaire et multi-institutionnel, au service de l’amélioration de la santé des populations locales, avec en parallèle un volet formation pour faire monter l’expertise de jeunes chercheurs.
En RDC, PRISME va par exemple s’inscrire dans la continuité des projets de recherche en cours, comme l’initiative PREZODE (Preventing ZOonotic Disease Emergence). Lancée en 2021, elle vise à détecter et prévenir les maladies zoonotiques à l’origine de pandémies (collaboration entre l’INRB de Kinshasa, l’IRD de Montpellier, l’AFD (Agence française de développement) et le Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement).
PRISME se déroulera dans les locaux de l’INRB, essentiellement dans le département de virologie dirigé par le Dr Steve Ahuka. Le laboratoire compte une trentaine de scientifiques. Il est équipé pour des analyses de sérologie et la culture cellulaire jusqu’au séquençage.