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Takayasu’s arteritis

La microscopie localisée par ultrasons utilisée pour évaluer l'activité de l'artérite de Takayasu

L’équipe du centre de référence des maladies artérielles rares de l’Hôpital européen Georges-Pompidou, de l’Inserm et d’Université Paris Cité a publié ses travaux dans la revue eBioMedicine en mars 2023.

Takayasu’s arteritis
10 Aug 2023

L’artérite de Takayasu est une maladie inflammatoire des vaisseaux sanguins, localisée à l’aorte et ses branches cervicales, viscérales et sur les membres supérieurs. Cette maladie rare concerne 1000 patients en France, huit femmes pour un homme, âgés de moins de 50 ans. Elle a été surnommée “la maladie des femmes sans pouls”, parce qu’en impactant les artères subclavières, elle empêche de sentir le pouls au niveau du poignet. Elle se complique de sténoses artérielles et parfois d’anévrismes.

Les patientes sont généralement suivies pendant 30 à 35 ans, jusqu’à leur ménopause, où la maladie disparaît bien souvent. Elles sont notamment traitées avec des anti-inflammatoires et des biothérapies à base d’anticorps ciblant les molécules de l’inflammation. Mais plusieurs problèmes se posent. “La difficulté est d’évaluer l’inflammation des artères, qui sont anormalement épaissies », explique le Pr Tristan Mirault, Professeur de médecine vasculaire à l’Université Paris Cité et coordinateur de l’équipe du centre de référence des maladies artérielles rares de l’hôpital européen Georges-Pompidou. Les patientes doivent passer un scanner ou un IRM tous les 3 à 6 mois. Mais ces outils irradient, coûtent chers et sont peu disponibles.”

L’échographie est pour l’instant peu utilisée pour cette indication, pourtant la microscopie localisée par ultrasons (ultrasound localized microscopy ,ULM), basée sur l’imagerie ultrasonore ultrarapide de microbulles circulantes permet d’imager les flux sanguins microvasculaires in vivo jusqu’à l’échelle du micron. L’équipe de recherche a ainsi cherché à démontrer que l’ULM peut fournir des marqueurs d’imagerie pour évaluer l’activité de l’artérite de Takayasu.

Elle a donc eu recours à une innovation développée au sein du laboratoire Physics for medicine de l’ESPCI Paris (École supérieure de physique et de chimie industrielles de la ville de Paris), dirigé par les physiciens Mickael Tanter et Mathieu Pernot. Ils ont mis au point une technologie d’ultrasons, avec une résolution très poussée, qui permet d’aller au-delà de ce que l’on voit à l’oeil nu.

“ Si ce nouveau procédé par microscopie localisée par ultrasons (ULM) devient facilement accessible, nous allons pouvoir évaluer l’inflammation de la paroi des artères par échographie, grâce à des micro-bulles. C’est non-irradiant, peu coûteux et très facile d’accès, puisque la France compte énormément d’appareils d’échographie ”, Pr Tristan Mirault, Coordinateur de l’équipe du centre de référence des maladies artérielles rares de l’hôpital européen Georges-Pompidou, de l’Inserm et d’Université Paris Cité.

Cette technique donne une idée de la vascularisation des artères, de leur inflammation. Le procédé a été appliqué sur 16 patients ou patientes atteints d’artérite de Takayasu. Une première évaluation classique a été réalisée pour déterminer si la maladie était en phase active ou non, puis dans un second temps, une échographie a été faite, avec l’injection de micro-bulles et la technologie de super résolution. “Sachant que l’air renvoie très bien les ultrasons, nous injectons dans l’artère un liquide avec des micro-bulles.”

SonoVue, le produit de contraste échographique, contient des minuscules bulles remplies d’un gaz appelé hexafluorure de soufre. “ Nous pouvons alors suivre cette bulle dans la paroi de l’artère et dessiner son trajet ”, poursuit le praticien. Grâce à la technologie de super résolution, “ nous avons observé le passage des bulles dans la paroi des artères carotides, les avons quantifiées, suivies, mesurées. C’était une première ! ”, se réjouit le coordinateur de l’étude.

Le nombre de micro bulles circulantes détectées par seconde dans la paroi était de 10 dans les cas quiescents contre 121 dans les cas actifs, avec une vitesse moyenne de 40,5 mm/s dans les cas actifs.

Après la parution de l’article en mars dans la revue eBioMedicine, plusieurs industriels se sont intéressés à cette nouvelle technique. Son champs d’investigation est effectivement très vaste puisqu’elle pourrait également être appliquée aux échographies des tumeurs (reins, cerveau, thyroïde, seins, prostate, tumeurs cutanées, etc.)

Les résultats d’une autre étude, ULTRAVASC, devraient être publiés d’ici la fin de l’année. La même technologie a été utilisée mais cette fois-ci pour les plaques d’athérome au niveau des carotides. Elles peuvent provoquer des sténoses, parfois opérées en prévention de l’AVC ou pour éviter une récidive. Les valeurs de vascularisation des plaques vont être comparées à ce que l’on trouve en histologie. 50 patients ont participé. Cette vascularisation des plaques pourrait servir de marqueur de vulnérabilité de celle-ci et servir de prédicteur de complication à type d’AVC.

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