Aujourd’hui, au moins un couple sur sept souffre d’infertilité et a recours à la FIV (Fécondation in vitro), mais en moyenne, seuls 30% des transferts d’embryons aboutissent à une grossesse…
Fondatrice de Im-Vitro, la chercheuse Alexandra Boussommier Calleja a décidé d’appliquer son expertise en culture tissulaire et cellulaire pour adresser cette problématique. Après de brillantes études en Suisse, au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, elle décide de revenir en France après avoir décroché une bourse postdoctorale de la Fondation Marie Curie. Elle a également été incubée chez “Entrepreneurs First”, un accélérateur basé entre autres au sein du campus français de startups Station F. C’est en discutant avec des embryologistes qu’elle a pressenti le besoin à combler. Grâce à l’IA, le processus d’évaluation des embryons à implanter peut être automatisé.
Aujourd’hui, un incubateur intégré dans les microscopes dédiés à l’observation des embryons, prend en timelapse une photo toutes les 5-10 minutes pendant deux à six jours. Les praticiens recherchent ensuite manuellement au sein de ces vidéos des évènements biologiques ainsi que des critères morphologiques jugés importants par la communauté scientifique, pour décider s’il s’agit d’un “bon” ou d’un “mauvais” embryon, en fonction de ses chances de mener à une grossesse. Im-Vitro a mis au point une plateforme SAAS (software as a service) qui accompagne désormais les embryologistes dans cette prise de décision, grâce à des algorithmes entraînés sur des milliers de vidéos d’embryons et des millions de données cliniques décrivant les patients ainsi que leur parcours de FIV.
“Notre solution basée sur l’intelligence artificielle permet d’automatiser la prise de certaines décisions des embryologistes, avec une économie de temps et donc une meilleure productivité ainsi qu’une diminution de la variabilité dans la prise de décisions. Cette IA cherche à compléter l’expertise des embryologistes et à d’abord les accompagner dans une des décisions au cœur de la FIV, avant de s’attaquer à d’autres décisions cruciales qui rythment ce processus extrêmement complexe et multifactoriel, avec à la clef une augmentation du taux de succès de la FIV que nous sommes en train de valider auprès de nos partenaires » Alexandra Boussommier Calleja, fondatrice et CEO de Im-Vitro.
La première étude rétrospective réalisée au début de l’année 2022 a comparé les prédictions de cette plateforme d’IA à celles de 13 embryologistes, sur une base de données test de 400 embryons, suggérant une potentielle augmentation relative du taux de succès de grossesse par transfert d’embryon d’environ 15%.
Im-Vitro est en partenariat avec plus de dix cliniques privées en France et en Espagne. Elles testent depuis huit mois ces solutions et partagent leur feedback à la startup, notamment sur l’interopérabilité et la prise en main de la plateforme. A terme, un portail simplifié sera également consacré aux patients, toujours dans cette volonté d’“ajouter de la transparence à un processus complexe et donc potentiellement opaque et variable”, selon Alexandra Bousommier Calleja.
Im-Vitro vise une commercialisation pour 2023, année où la société devrait également obtenir le marquage de la FDA, après avoir déjà obtenu le marquage CE. Le Programme Next French Healthcare la met en connexion avec les acteurs clefs de la FIV aux Etats-Unis. “Sans cela, je n’aurais pas forcément eu le temps ni la force commerciale pour cibler ces acteurs, admet la chercheuse. Next étant un programme bien connu aujourd’hui, cela envoie un signal clair à nos interlocuteurs démontrant que le marché américain est une de nos priorités.”