Aujourd’hui, à peine 3% des 600 000 patients atteints de la maladie de Parkinson dans le monde ont accès à une stimulation cérébrale profonde. Cette opération pourtant très efficace pour atténuer les symptômes de la maladie est coûteuse, longue et plutôt lourde pour le patient. Face à ce constat, Emmanuel Cuny, neurochirurgien au CHU de Bordeaux, et Nejib Zemzemi, mathématicien à l’INRIA, ont fondé RebrAIn en 2021. Ensemble, ils ont développé un outil de prédiction des zones du cerveau à opérer chez les patients atteints de tremblements, grâce à un algorithme fondé sur l’Intelligence Artificielle. Ce logiciel s’appuie sur une base de données cliniques de patients ayant déjà été opérés, avec de très bons résultats.
L’outil de prédiction est déjà à un stade avancé puisqu’il est actuellement en essai clinique de phase 3. Le CHU de Bordeaux l’utilise en routine, tout comme 27 centres dans le monde, de New-York à Hong-Kong.
“Grâce à RebrAIn, la stimulation cérébrale profonde devient une intervention plus courte, moins invasive et mieux tolérée (le patient n’a pas besoin d’être éveillé pendant l’opération) et moins chère. En simplifiant cette chirurgie, nous espérons la rendre accessible à plus de patients”, Emmanuel Cuny, CEO de RebrAIn.
Le neurochirurgien n’a qu’à envoyer l’IRM de son patient à RebrAIn. Le logiciel reconnaît 18 points remarquables sur chacun des deux hémisphères. Le métamodèle mathématique prédit alors les cibles et les marquent sur l’IRM. Elle est renvoyée dans les centres pour ainsi guider le chirurgien lors de l’implantation de l’électrode. Plus de 250 patients ont déjà été opérés avec cette solution. L’intervention dure 3 heures, sous anesthésie générale.“Nous avons l’ambition avec RebrAIn de faire passer de 3 à 30% en 2033 le nombre de patients éligible à l’opération effectivement opérés”, ajoute Emmanuel Cuny.
L’automatisation du logiciel devrait être terminée d’ici un an. En parallèle, le registre de données de santé pour poursuivre l’apprentissage de l’intelligence artificielle s’étoffe. RebrAIn va ainsi débuter une collaboration avec le CHU de Lille, pour récupérer des données anonymisées issues d’un essai clinique incluant 600 patients. Par ailleurs, le marquage réglementaire (CE et FDA) est en cours. Seules 500 interventions de ce type sont réalisées chaque année en France. Sachant que 50% du marché mondial se concentre aux Etats-Unis, l’accompagnement fournit par le programme Next French Healthcare est capital pour la société bordelaise. “Business France a trouvé des centre américains pour tester nos solutions, cite par exemple le CEO de RebrAIn. Nous sommes mis en contact avec les bonnes personnes dans les bonnes entreprises. (…) Ce programme nous a éclairé sur les spécificités du marché nord-américain par rapport au marché européen, son système de santé, de financement, la réglementation,…” Pour le roadshow de novembre 2022 à New-York et Boston, RebrAIn a déjà planifié des rendez-vous avec des assureurs, industriels, neurochirurgiens, avocats et organismes réglementaires. La startup projette d’ouvrir une filiale aux Etats-Unis fin 2023.