Fondée en 2017, les technologies développées par Dessintey sont issues des travaux du Pr Pascal Giraux, chef du service rééducation de l’adulte au CHU de Saint-Etienne. Il s’est toujours intéressé à la récupération motrice post-AVC, et notamment à la thérapie miroir. Celle-ci est née aux alentours de 1995, aux Etats-Unis. Elle consiste à donner l’illusion à un patient ayant subi un AVC que son membre lésé fonctionne toujours, en mettant un miroir face à son membre valide, pour stimuler la plasticité du cerveau. Cette technique de rééducation est recommandée par la HAS (Haute autorité de santé française), depuis 2012.
“Chez Dessintey, nous avons informatisé ce principe pour le rendre accessible au plus grand nombre”, explique son Président, Nicolas Fournier. Le miroir est donc remplacé par un écran, associé à une caméra et à un logiciel. Il renvoie au patient l’image, ou plutôt l’illusion que son membre paralysé bouge, ce qui nécessite moins de concentration de sa part qu’avec un véritable miroir. “L’usager se concentre sur cette visualisation et participe. Il essaie de faire le mouvement avec son membre paralysé. Le dispositif lui renvoie une image positive, ce qui favorise la plasticité du cerveau, grâce à l’apprentissage. C’est un cercle vertueux !”, continue le Président de la société.
“Avant la création de nos dispositifs, seuls 10 à 20% des patients en rééducation post-AVC avaient accès à la thérapie miroir. Ils sont aujourd’hui 90%. Nos appareils suscitent un sentiment d’immersion et d’illusion très fort chez les patients atteints d’AVC qui favorise leur récupération”, Nicolas Fournier, Président de Dessintey.
Après un AVC, le cerveau n’arrive plus à envoyer la commande à l’un de ses membres, ce n’est pas le membre qui ne fonctionne plus. Il faut donc réapprendre à planifier le mouvement, en complémentarité d’autres techniques de rééducation. Mais si le patient essaie plusieurs fois et échoue, il se décourage et abandonne. En lui renvoyant une image positive, ces appareils le motivent et multiplient ses chances de récupération.
La medtech a lancé son premier produit dédié aux membres supérieurs, l’IVS3, mi-2018. Elle vient de lancer un second appareil, l’IVS4, pour les membres inférieurs, en septembre 2022. Ces dispositifs de rééducation dédiés à la commande et à la planification du mouvement sollicitent l’hémisphère lésé du cerveau, la zone affectée par l’AVC. Les patients sont en moyenne pris en charge entre 4 et 6 semaines, à raison d’une ou deux séances de 20 minutes par jour. Une base de données contenant 800 exercices variés et personnalisés leur est proposée.
Aujourd’hui, plus de 100 hôpitaux en France utilisent ces solutions, avec une “vraie adhésion des thérapeutes et de la communauté scientifique”, se réjouit Nicolas Fournier. Dessintey dispose aussi d’une filiale en Allemagne. Ses produits sont distribués dans une quinzaine de pays en Europe.
Dessintey a fini l’année 2021 avec un taux de croissance de 150%, et devrait dépasser les 60% cette année 2022. La société vient par ailleurs de déménager dans un site de production plus grand, toujours à Saint-Etienne. Elle fabrique et assemble l’ensemble de ses machines dans ce site de 750m2.
Berceau de la thérapie miroir, les Etats-Unis y sont particulièrement sensibles. Dans un pays comptant plus de 500 000 AVC par an, les centres de rééducation investissent de plus en plus dans des outils efficaces et fiables comme ceux de Dessintey. Lauréat du Programme Next French Healthcare, Dessintey prépare en douceur sa future implantation sur le sol américain, prévue dans les 12 à 24 mois prochains. Ses dirigeants s’y rendent très régulièrement. Une dizaine d’établissements ont eu l’opportunité de tester leurs solutions, avec des retours positifs.